Le gouvernement a décidé de poursuivre sa politique de transferts sociaux et de subventions directes ou indirectes mais ouvre parallèlement un chantier de rationalisation de ces dépenses publiques de solidarité, de sorte qu'elles ciblent davantage leurs bénéficiaires réels. À vrai dire, cette option de ciblage des familles les plus défavorisées à qui l'on attribuera toutes ces aides a été d'ores et déjà entérinée dans le plan d'action de l'Exécutif Tebboune. La volonté politique est, certes, affichée quant à ce dossier sensible, mais la mise en œuvre d'une telle démarche n'est, en revanche, pas une sinécure. La faisabilité d'une telle solution demeure une mission complexe et difficilement réalisable, surtout en cette période de crise marquée par une chute drastique des revenus pétroliers. La tâche est d'autant plus ardue puisque le gouvernement doit engager une évaluation de l'efficacité des dépenses publiques orientées vers les différentes subventions et exemptions fiscales dans le but de réduire celles destinées à des activités ne générant aucune retombée positive pour l'économie ou la société. En fait, c'est toute la politique de transferts sociaux qui doit être redéfinie. Pour cela, l'Exécutif ne doit pas, de prime abord, adopter seul cette stratégie. Il gagnerait à lancer une large concertation impliquant le Parlement, les partis politiques et la société civile afin d'adapter progressivement et de manière efficace et équitable cette politique des transferts sociaux. Cela passe impérativement par l'élaboration d'une carte des ménages défavorisés. Le système de subventions actuel absorbe une part croissante des ressources de la collectivité, soit près de 30% du PIB, au moment où les recettes de l'Etat s'amenuisent davantage. Il favorise la surconsommation et le gaspillage des produits concernés et alimente fortement les réseaux de contrebande à travers les frontières. D'où la nécessité de passer à un système de subventions ciblées. La mise en place de ce système, profitant en premier lieu aux plus démunis tout en limitant le gaspillage des produits subventionnés, devrait être l'une des priorités du projet de loi de finances 2018. Au lieu de soutenir les prix des produits de large consommation qui profitent à la fois aux nécessiteux et aux personnes aisées, les spécialistes proposent un système de transferts monétaires directs en direction des couches les plus défavorisées. Pour eux, il est préférable de subventionner les ménages plutôt que les produits. Les subventions peuvent être attribuées dans le court terme et graduellement via les mécanismes des allocations familiales et des bourses en tout genre, en mettant en parallèle un système de ciblage qui soit juste et crédible. De plus en plus de pays de la région et dans le monde encouragent le système d'allocations monétaires directes aux ménages défavorisés, en s'appuyant sur le Numéro d'identification national (NIN). L'avantage de cette formule réside dans sa simplicité mais elle n'est pas sans écueils. L'une de ses contraintes qui vient du taux insuffisant de bancarisation de la population algérienne, à moins de 50%, empêche ce système d'atteindre toute la population. Pis, pour identifier les plus pauvres, l'Algérie doit être dotée d'une économie plus formalisée. D'où la nécessité d'installer un système des impôts sur le revenu très bien structuré en plus d'instruments précis pour mesurer les revenus des travailleurs. B. Khris