La cour d'appel d'Al-Hoceima a quadruplé la peine infligée au journaliste Hamid El-Mahdaoui, en le condamnant à un an de prison contre les trois mois dont il avait écopé en première instance. Ignorés par les mesures de clémence du roi Mohammed VI prises à l'occasion des fêtes nationales ou religieuses, les détenus du Rif sont lourdement condamnés par la justice marocaine. Il suffit de voir la nouvelle condamnation mardi en appel du journaliste Hamid El-Mahdaoui à une année de prison ferme et 20 000 dirhams d'amende pour s'en convaincre. Rappelons que ce dernier avait été condamné en juillet dernier à trois mois de prison ferme en première instance. Connu pour son soutien au mouvement de contestation Hirak du Rif, Hamid El-Mahdaoui, qui est le directeur du site "Badil.info", qui a été poursuivi selon le code pénal marocain pour "incitation des citoyens à enfreindre la loi" et "la participation à l'organisation d'une manifestation interdite". Ceci étant, il sera à nouveau jugé à Casablanca, car il est poursuivi par le parquet local pour "non-dénonciation de l'atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat" suite à une conversation téléphonique que le journaliste aurait eue avec un Marocain résidant à l'étranger, qui aurait menacé d'introduire des armes au Maroc. Poursuivi, lui et vingt autres détenus pour leur participation aux manifestations d'Al-Hoceima, Nabil Ahamjik et ses co-détenus ont vu leur procès reporté au 3 octobre 2017. "Vive le Rif" et "Plutôt la mort que l'humiliation" scandaient les prisonniers dans la salle d'audience à l'ouverture du procès sous haute tension du "groupe" mardi matin à Casablanca. Selon de nombreux médias marocains, dont le site "rifonline" et la page Facebook "alhoceimasofficiel", les détenus, qui étaient présentés au tribunal dans un box en verre et entourés par plusieurs policiers, n'ont pas manqué de sourire et de brandir le signe V de la victoire tout en scandant "Vive le Rif" ou bien "Plutôt la mort que l'humiliation". Pour préparer la défense, les avocats des détenus ont demandé l'ajournement du procès. Le juge a finalement accepté leur requête et fixé la deuxième audience au 3 octobre prochain. Rabat ne semble donc pas rechercher l'apaisement au vu des peines infligées aux détenus du Hirak, qui sont loin d'être clémentes, et de la poursuite de leur traduction devant les juges. Et la région, qui revendique de manière pacifique son développement au même titre que les autres parties du royaume, continue à être ignorée. Mohammed VI, qui prévoyait de se déplacer dans le Rif pour veiller à l'application des plans de développement programmés pour la région, semble avoir reporté aux calendes grecques cette visite tant attendue. Du moins, les médias marocains n'évoquent plus ce déplacement "royal" à Al-Hoceima. Sur le terrain, l'accalmie enregistrée sur le terrain n'empêche pas les activistes rifains installés en Europe de lancer un nouvel appel, via les réseaux sociaux, à observer une nouvelle manifestation de soutien au Hirak du Rif à Genève (Suisse) pour jeudi 21 septembre, après celle de dimanche dernier à Bruxelles. Elle coïncidera avec "l'intervention d'une délégation ministérielle marocaine au Conseil des droits de l'homme, une instance relevant de l'ONU", ont annoncé les organisateurs. Ils ont souligné que "cette nouvelle mobilisation se traduira par une marche populaire entre le siège du Conseil des droits de l'homme et le siège de l'ONU, avec l'occupation totale de la route reliant les deux importantes instances internationales". Merzak Tigrine