Loin d'être fortuite, cette focalisation sur le rôle des partis laisse à penser que l'Exécutif redoute, de nouveau, le spectre de l'abstention. échaudé par l'abstention "historique" qui a marqué les élections législatives de mai dernier, ôtant du coup la légitimité nécessaire à l'Assemblée, le gouvernement semble tétanisé à l'idée qu'un tel scénario se reproduise en novembre prochain à l'occasion des élections locales. Lors de la présentation lundi de son plan d'action devant la chambre haute du Parlement, Ahmed Ouyahia, en évoquant la question des élections, n'a pas manqué de jeter la balle — de la participation — dans le camp... des partis politiques. "Le taux de participation aux élections locales sera inévitablement plus élevé que celui des législatives, en se basant sur une analyse sociologique (de la situation)", a-t-il affirmé, non sans fustiger "certaines voix qui avaient imputé au gouvernement la responsabilité du boycott par les citoyens lors des dernières élections législatives". Comme pour dédouaner l'Exécutif, Ouyahia rappelle que la prochaine joute électorale est un "test pour les partis et les candidats indépendants pour s'affirmer en essayant de convaincre, à travers leurs programmes, les citoyens qui ont l'embarras du choix dans une scène politique diversifiée et composée de tous les courants politiques, notamment les islamistes, les partis de gauche et les nationalistes". Loin d'être fortuite, cette focalisation sur le rôle des partis laisse à penser que l'Exécutif redoute, de nouveau, le spectre de l'abstention. Mais les craintes sont-elles fondées ? À l'évidence, oui, dans la mesure où, comme de coutume, il refuse à mettre le doigt sur la plaie. En plus d'une entreprise de dépolitisation entamée depuis une quinzaine d'années, à travers la fermeture du champ politique et le verrouillage du champ médiatique, le pouvoir a tout fait pour verrouiller le jeu politique, empêchant les partis, contraints à surmonter nombre d'entraves bureaucratiques et administratives, à exercer librement leurs activités. Si ce ne sont pas des mouvements de redressement qui sont suscités ou encouragés, c'est l'arme du harcèlement et de la répression qui sont déployés. On a vu des leaders politiques, des députés et même des médecins tabassés par des policiers. À cela, il faut ajouter l'absence d'une garantie de transparence à travers la mise en place d'une véritable structure indépendante chargée d'organiser les élections. Censée répondre aux doléances de l'opposition, la Hiise a montré toutes les limites de "son indépendance", en témoigne le rapport accablant établi par les experts de l'UE sur le scrutin du mois de mai dernier. La confusion entretenue à travers l'inflation de sigles partisans, empêchant une visibilité en terme programmatique, la crise économique qui a mis en berne le pouvoir d'achat des Algériens, les fraudes électorales récurrentes, le recyclage d'un personnel politique sans qualification, la crise profonde de confiance sont autant d'autres facteurs qui dissuadent les électeurs de participer à la vie politique. Avec les remous qui secouent certains partis, particulièrement le FLN, en raison de la confection des listes électorales, nul doute que le prochain scrutin, même s'il diffère des législatives et de la présidentielle, risque de ne pas connaître un fort engouement des électeurs. C'est pourquoi, c'est plutôt le gouvernement qui est face au... test. Car du niveau de la participation dépendront les contours qui dessineront les rapports de force en perspective de 2019. Karim Kebir