Les trois suceuses de céréales, achetées en 2005 chez un fournisseur belge pour la somme de 9 milliards de centimes, ont été revendues en 2015 pour la modique somme de 6 millions de dinars algériens, au port de Ténès (Chlef). Le comité de soutien aux travailleurs du groupe Cevital et aux investissements économiques dans la wilaya de Béjaïa a convié, hier, la presse pour une conférence durant laquelle de graves accusations ont été proférées contre le directeur général du port de Béjaïa, Achour Djeloul. Les trois animateurs de la conférence de presse, MM. Kaci Sayad, Bouzidi Mourad et Djamel Boucheta, ont pointé du doigt la gestion du DG de l'EPB. Une gestion qu'ils ont qualifiée de "douteuse et désastreuse". Ils ont affirmé détenir des informations compromettantes, avec documents à l'appui, pouvant expliquer des agissements que ni la raison ni la loi ne tolèrent. Ces preuves, qu'ils estiment tangibles, confirment, disent-ils, leurs accusations. Ils citeront, à titre d'exemple, les trois suceuses de céréales de marque Vigan (Modèle T200), chèrement acquises en 2005, chez un fournisseur belge, par le port de Béjaïa, dont le prix s'élève à 9 milliards de centimes. Ces équipements achetés en devises (1,265 millions d'euros) n'ont pratiquement jamais servi. Pis encore, ils sont restés abandonnés pendant dix ans, et durant toute cette période, la prestation que devait générer cet investissement a été abandonnée à un privé qui se livre à une sous-traitance qui lui rapporte des millions, voire des milliards. Du coup, ce privé censé être un client du port devient un prestataire de service, affirment les conférenciers. Plus grave encore, ajoutent les trois membres du comité de soutien aux travailleurs de Cevital, le DG de l'EPB n'a rien trouvé de mieux que de revendre ces trois suceuses pour la modique somme de 6 millions dinars algériens, au port de Ténès (Chlef), en 2015. Les conférenciers qui, visiblement, s'abreuvent à la bonne source, puisqu'ils disent détenir des documents, promettent de révéler prochainement d'autres affaires scabreuses dans lesquelles est impliqué le directeur du port de Béjaïa, entre autres le scandale de la gare maritime relevant de son entreprise portuaire, dont la mise en service partielle a été inaugurée en grande pompe, alors que le projet ne dispose toujours pas de permis de construire. Le DG du port de Béjaïa est accusé aussi "de brader des infrastructures et des équipements relevant du domaine portuaire à des prix inférieurs de quinze à vingt fois leur valeur". Les conférenciers se disent convaincus que "sauf à servir à faire diversion sur une gestion calamiteuse, ces abus scandaleux ne peuvent avoir d'autres explications que des agissements d'un individu qui n'a d'autre choix que d'exécuter des instructions hors la loi sous peine de devoir payer chèrement des fautes qui ont fait du port de Béjaïa une place désormais tristement célèbre parmi les sites portuaires de la Méditerranée". Les membres du comité de soutien aux travailleurs du groupe Cevital annoncent, par ailleurs, qu'ils sont déterminés à aller jusqu'au bout de leur dénonciation des agissements du premier responsable du port de Béjaïa. Le comité, qui se fait un devoir de "lutter pour alléger les charges et libérer les initiatives des investisseurs", s'engage à lancer des investigations pour analyser et, le cas échéant, "dénoncer publiquement les tentations, malversations ou collusions qui freinent ou bloquent le développement de notre région". Abus dangereux Les membres du comité de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques dans la région ont longuement évoqué ce qu'ils qualifient d'"abus outrageants" dont se rend régulièrement coupable le directeur général de l'Entreprise portuaire de Béjaïa. "Des abus qui sont à la fois dangereux pour la stabilité d'une entreprise essentielle au développement de notre région et très préjudiciables pour l'image de l'Algérie à l'étranger", ont-ils souligné. Faisant allusion aux différents blocages dont a été victime le groupe Cevital, ils ont mis en garde contre les décisions "révoltantes", lesquelles risquent, selon eux, de "porter d'avance un coup fatal à la politique de redéploiement économique que semble vouloir conduire le gouvernement Ouyahia dans la région". "Quel est l'investisseur qui va encore s'aventurer à envisager de s'installer chez nous, ou même de simplement penser à faire débarquer ses marchandises dans le port de Béjaïa, sachant qu'il aura affaire à un directeur de port qui viole matin et soir les réglementations régissant son entreprise et qui traite de manière aussi indécente le plus grand investisseur du continent, pour reprendre les termes mêmes utilisés par le Premier ministre ?", s'interrogent-ils. Une façon de souligner l'ampleur des préjudices causés tant à l'image de marque de l'Entreprise portuaire de Béjaïa qu'à l'économie nationale. Ceci alors que le chargé de la communication de ce comité citoyen de Béjaïa, Mourad Bouzidi, déplore qu'"au moment où le directeur de l'EPB multiplie les blocages, le port de Djendjen (Jijel), à qui nous souhaitons prospérité et réussite, se targue de bénéficier d'une usine de trituration de graines oléagineuses du groupe Kouninef (il y a de la place pour tout le monde dans ce domaine) à l'intérieur même du port de Djendjen". Pour l'orateur, le directeur du port de Béjaïa, visiblement acculé par ses commanditaires, confirme qu'il n'est rien d'autre qu'un "instrument au service d'une oligarchie prédatrice et haineuse qui cible en priorité notre région". Rappelant les "arguties fantaisistes" invoquées par Achour Djelloul pour tenter de justifier le fait de s'attribuer des compétences qui ne relèvent d'aucune manière de ses prérogatives, M. Bouzidi soutient que "selon son humeur ou les instructions occultes qu'il reçoit, le directeur du port a successivement avancé les risques écologiques, des problèmes de sécurité, des autorisations du ministère de l'Industrie, des problèmes de circulation...", avant d'ajouter qu'"à aucun moment, ce directeur ne s'est référé aux textes de lois ou à des instructions de sa tutelle, à savoir le ministère des Transports qui a brillé par son silence jusqu'à ce jour".
"Halte à l'acharnement contre Cevital !" Dans leur déclaration liminaire rendue publique hier, les membres du comité citoyen de Béjaïa notent que "la population de la région, qui a vu trois mille milliards de projets gelés, ne pardonnera pas un zèle criminel qui peut anéantir pour des années l'avenir économique et social de notre wilaya". Avant d'ajouter que "cette population ne peut pas se taire devant un acharnement orchestré, synchronisé et organisé contre Cevital, poumon économique de notre wilaya, et dont vous assumez être un instrument d'exécution servile". Afin de mettre en exergue l'apport du groupe Cevital dans le développement économique de la région, les conférenciers indiquent, à titre illustratif, que les importations conteneurisées de Cevital, durant l'année 2016, représentent 10% du volume global des importations réalisées par l'EPB. Alors que le volume global de l'activité import/export, tous types confondus, réalisé durant le même exercice (conteneurs, vrac solide, vrac liquide, conventionnel,...) hors hydrocarbures, a fait ressortir que la part du groupe Cevital se situe entre 40% à 45%. C'est dire qu'en dépit des blocages de Djelloul Achour, ce groupe privé demeure le premier client de l'EPB. K. O.