Dans une conférence de presse tenue hier, le comité a dénoncé l'acquisition de trois «suceuses de céréales de marque Vigan chèrement acquises en 2005 par le port de Béjaïa et en devises équivalant à 9 milliards de centimes, pour être revendues à la modique somme de 6 millions de dinars algériens au port de Ténès en 2015». Entre le comité de soutien à Cevital et aux investissements économiques dans la wilaya de Béjaïa (CSCIWB) et l'entreprise portuaire (EPB), le bras de fer n'est pas près de cesser. Bien au contraire. Au moment où le porte-parole de ce comité, Mourad Bouzidi, a été entendu avant-hier pour la deuxième fois par le juge instructeur suite à une plainte déposée par le directeur général de l'EPB, Djeloul Achour, le 2 juillet dernier, le CSCIWB revient à la charge avec un dossier accusateur en relation avec ce qu'il appelle «l'affaire des trois suceuses de céréales». Dans une conférence de presse hier, le comité a dénoncé l'acquisition de trois «suceuses de céréales de marque ‘‘Vigan'', chèrement acquises en 2005 par le port de Béjaïa et en devises équivalant à 9 milliards de centimes, pour être revendues à la modique somme de 6 millions de dinars algériens au port de Ténès en 2015». L'accusation du comité, représenté dans la conférence d'hier par quatre de ses membres, est d'autant plus lourde qu'elle repose sur un rapport détaillé, distribué à la presse, qui dénonce un «bradage», parce que ce comité est convaincu que «cet investissement qui n'a pratiquement jamais servi est resté abandonné pendant dix ans». «Il faudra rendre des comptes sur les suceuses de céréales», écrit le comité dans sa déclaration qu'il a intitulée : «Halte à la gestion douteuse et désastreuse du port de Béjaïa». Le rapport du comité retrace le processus d'acquisition de ces suceuses de céréales depuis le lancement d'un avis d'appel d'offres national et international pour la fourniture de quatre suceuses à céréales. Selon le PV des délibérations de la commission d'ouverture des plis, celle-ci a délibéré le 8 octobre 2003 après «vérification de la conformité des soumissions aux conditions requises dans les cahiers des charges». La commission d'évaluation des offres a retenu, le 15 décembre de la même année, la soumission de l'entreprise belge Savigan engineering qui avait proposé aussi à l'EPB «des portiques pour un tonnage de plus de 300 t/heure». L'évaluation des offres avait été effectuée, selon le PV, après les «orientations» du directeur de la manutention et de l'aconage, et du directeur du Domaine et développement, qui n'est autre que l'actuel DG du port. Trois suceuses à céréales, de type T200 D et d'une capacité de 220 à 250 tonnes/heure, ont été réceptionnées «sans réserves» en décembre 2005, mais qui, selon les certitudes du même comité, n'ont pas fonctionné. Le CSCIWB avance que pendant les dix ans de «l'abandon» de ces trois suceuses de céréales, «la prestation que devait générer cet investissement a été abandonnée à un privé qui se livre à une sous-traitance qui lui rapporte des millions, voire des milliards (de centimes, ndlr). Du coup, ce privé censé être un client du port en devient un prestataire de service». Selon le même comité, la sous-traitance, conclue avec un gros client du port, importateur de soja et de céréales, est fonctionnelle depuis 2008 avec la location d'un portique. «Nous avons vérifié les transactions, c'est de 3 à 4 milliards de centimes l'an», assure Mourad Bouzidi, porte-parole du comité. Pendant ce temps, les suceuses de céréales sont fonctionnelles au port de Ténès, avons-nous confirmé auprès d'un responsable de celui-ci, bien que cet usage est partiel pour cause de baisse de trafic de céréaliers à petits et moyens tonnages que le port peut recevoir. Depuis l'augmentation des prix des céréales à l'international, les importateurs recourent aux navires de gros tonnages pour limiter les frais. Contacté par El Watan, le DG de l'EPB, Djeloul Achour, n'a pas souhaité répondre à ces accusations. «Qu'ils disent ce qu'ils veulent. S'il y a atteinte à ma personne, je porterai plainte devant la justice, c'est à elle de demander des preuves» nous répond Djeloul Achour. Par cette sortie, le CSCIWB s'inscrit dans la continuité de ses dénonciations des décisions du directeur de l'EPB qui maintient son refus d'autoriser l'accostage des navires qui transportent du matériel destiné pour l'usine de trituration de Cevital. «Ces décisions révoltantes risquent de porter à l'avance un coup fatal à la politique de redéploiement économique que semble vouloir conduire le gouvernement Ouyahia dans la région ; elles peuvent surtout, si elles ne sont pas immédiatement stoppées, se propager à tout le pays par effet de contagion dans un moment de grandes tensions économiques et sociales», écrit le comité qui continue de réclamer la démission du directeur de l'EPB. «Au moment où le directeur du port multiplie les blocages, le port de Djendjen, à qui nous souhaitons prospérité et réussite, se targue de bénéficier d'une usine de trituration de graines oléagineuses du groupe Kouninef (il y a de la place pour tout le monde dans ce domaine) à l'intérieur même du port de Djendjen», constate le comité qui ne s'arrête pas à «l'affaire des suceuses de céréales». «Le port ne dispose pas de permis de construire pour sa nouvelle gare maritime», charge encore M. Bouzidi au nom du comité, dont l'engagement le conduit «à lancer des investigations pour analyser et, le cas échéant, dénoncer publiquement les tentations, malversations ou collusions qui freinent ou bloquent le développement» de la région.