"C'est le statu quo. Nos conteneurs sont toujours bloqués par la direction de l'Entreprise portuaire de Béjaïa", nous a fait savoir un responsable de la direction du transit de Cevital . Pour lui, il y a ingérence dans les affaires des douanes. "Le directeur de l'EPB s'est permis de se substituer à un autre corps d'Etat. Autrement dit, M. Djelloul Achour a osé outrepasser ses prérogatives en intimant l'ordre d'empêcher l'enlèvement des conteneurs importés par Cevital, et ce, malgré leur dédouanement par les services de douanes. Ce qui dénote l'acharnement de l'autorité portuaire contre le premier groupe privé en Algérie", a déploré notre interlocuteur, avant d'ajouter que "la curieuse attitude du P-DG du port de Béjaïa, qui se distingue par un excès de zèle flagrant, est pour le moins injustifiée. On ne sait pas vraiment comment il se permet de remettre en cause la décision des services des douanes qui ont dûment validé la procédure de dédouanement de certains de nos conteneurs qui se trouvaient au port sec d'Amizour ? La décision d'empêcher l'évacuation de notre cargaison, prise par M. Achour Djelloul, est bel et bien contraire à la réglementation". Les propos du cadre de Cevital viennent confirmer la thèse d'un blocage programmé, voire d'un sabotage sur ordonnance, dont est victime ce groupe dont la réputation managériale a franchi nos frontières. Pour sa part, l'ancien président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) Soummam, Abdelkader Hocini, regrette qu'aucune organisation patronale, y compris celles implantées à Béjaïa, n'ait daigné se pencher sur ce conflit qui n'a que trop duré. "Je ne comprends pas pourquoi nos structures patronales, qui sont censées défendre les intérêts de leurs adhérents, certes, mais aussi ceux de l'économie nationale, n'aient pas bougé un doigt ? C'est vraiment aberrant ! Et pourtant, personne ne peut négliger l'apport considérable du groupe Cevital en matière d'investissements, tant au niveau régional qu'à l'échelle nationale", souligne encore M. Hocini. C'est dire que cette affaire de blocage délibéré dont est victime le groupe Cevital continue de susciter des réactions d'indignation et de condamnation unanimes au sein de la société civile et de la sphère économique de la région de Kabylie. En fait, il suffit de voir le nombre d'internautes qui commentent sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, cet imbroglio politico-administratif, pour constater l'impact médiatique de cette affaire qui défraie la chronique, du moins au niveau régional. À noter que l'écrasante majorité des facebookeurs qui commentent les articles de presse traitant de ce conflit, exprime son soutien au groupe Cevital et désavoue ouvertement les "manœuvres sournoises" exécutées par le premier responsable de l'EPB. Ce dernier, faut-il le rappeler, a ordonné le blocage de pas moins de 53 conteneurs importés par Cevital, en l'espace de 48 heures. En effet, après avoir empêché dimanche dernier, 16 conteneurs du même groupe privé, il récidive le lendemain, à savoir lundi, en en refoulant 37 autres qui contiennent notamment de la pièce de rechange destinée à la raffinerie de sucre de Béjaïa. Il faut dire que ce blocage, à la fois délibéré et injustifié, que subit la société Cevital, cache mal les intentions machiavéliques de certaines forces occultes franchement inscrites, et de longue date, dans une logique clanique et maffieuse. Voilà une autre réalité qui écorne davantage l'image déjà ternie de notre pays et de ses institutions. Kamel Ouhnia