À l'occasion de la sortie de son dernier ouvrage aux éditions El-Ibriz, l'auteur Lazhari Labter a animé, avant-hier au Sous-Marin, une rencontre où il est revenu sur le parcours de cette figure emblématique de la poésie algérienne, son auteur, Mohamed Benguitoun, et les mythes entourant sa relation avec S'ayyad. L'auteur et éditeur Lazhari Labter a tenu, avant-hier au café littéraire le Sous-Marin (Alger), une rencontre à l'occasion de la sortie de son dernier ouvrage Hiziya, princesse d'amour des Ziban, paru il y a quelques jours aux éditions El-Ibriz. Se basant sur la célèbre élégie du XIXe siècle du poète Mohamed Benguitoun, "seul document fiable", comme le dira l'auteur à l'assistance. Il s'agit d'une histoire d'amour passionnelle "imaginée, mais basée sur des faits supposés réels, entre la jeune Hiziya et son cousin, recueilli tout jeune orphelin par son père". Dans son intervention, l'éditeur a rappelé la singularité de cette fresque littéraire. À la différence d'un Qays et Leïla, Ibn Zeydoun et wallada, Fatma et Si M'hend u Mhend, ou encore, Roméo et Juliette, Hiziya est le personnage central, tandis que S'ayyad a été "renvoyé au second plan par l'histoire". "En effet ne dit-on pas ‘Hiziya' et non ‘S'ayyad et Hiziya' ?", a expliqué l'auteur. C'est dire la force de ce personnage et l'empreinte qu'il a laissée près d'un siècle après sa mort. Par ailleurs, l'auteur dira que lors du début de l'écriture de ce roman, deux questions se sont posées : Quelle était la cause de la mort de la fille des Ziban ? Et quelle était la nature de sa relations avec S'ayyad. Etaient-ils des amants ou mariés ? À cette dernière question, il répondra qu'ils ont vécus ensemble pratiquement toute leur vie. Puisque S'ayyad a été recueilli par son oncle (le père de Hiziya) vers l'âge de six ans et jusqu'à l'adolescence. "Ils se sont aimés dès leur plus tendre enfance. C'étaient des amours innocentes. À l'adolescence, et dans une société conservatrice, il était très difficile de vivre une passion hors-mariage", selon Lazhari Labter, qui estime par ailleurs, qu'ils ont été "amants avant de se marier quelque temps avant la mort de l'héroïne". "Ils n'ont cependant pas pu continuer dans cette relation considérée comme ‘illégale'", lancera-t-il. Et d'ajouter : "Le poème de Mohamed Benguitoun dit explicitement que lorsque Hiziya accompagnait S'ayyad et la tribu dans leurs déplacements, les deux cousins étaient à chaque instant près l'un de l'autre, jusqu'à dormir sous la même tente." Si certains considèrent que la mort de Hiziya était accidentelle, lorsque S'ayyad croyant apercevoir un homme dans la tente de sa bien-aimée, tira un coup de fusil qui lui sera fatal. Mais jusqu'à aujourd'hui, un grand mystère entoure cette légende. "Plusieurs théories existent à ce jour concernant la mort de Hiziya", a affirmé l'orateur. "Pour certains, elle se serait suicidée de peur des représailles de sa tribu. Pour d'autres, elle serait morte empoisonnée. Mais moi j'inscrirais sa mort dans un contexte de vengeance entre tribus rivales." Revenant sur le legs de cette œuvre majeure de notre patrimoine orale et littéraire, l'auteur a rappelé que plusieurs films et chansons lui ont été consacrés, lui permettant, de ce fait, de voyager dans le temps et d'être connue des jeunes générations. Enfin, l'éditeur a dévoilé à l'assistance ses nombreux projets entourant "Hiziya", à commencer par une compagne immédiate, afin d'inscrire l'œuvre éponyme au patrimoine immatériel national, son introduction dans les manuels scolaires, la consécration d'une BD à l'héroïne, la classification du cimetière de Sidi Khaled où est enterrée Hiziya patrimoine national, et enfin, l'édition de timbres postaux à l'effigie de Benguitoun. Yasmine Azzouz