Cette édition qui s'est déroulée du 29 septembre au 6 octobre a été marquée par une forte présence algérienne, à l'instar des réalisateurs Sofia Djama, Karim Moussaoui et Merzak Allouache. Ces derniers s'inscrivent dans la lignée de ces cinéastes qui ont échappé à la cécité et surdité cinématographiques qui a atteint légion de nos cinéastes. La 32e édition du Festival international du film francophone de Namur (FIFF), qui a lieu du 29 septembre au 6 octobre, a fait la part belle aux cinématographies maghrébines. Plusieurs films en provenance de Tunisie, d'Algérie et du Maroc ont été présentés aux festivaliers, en présence de réalisateurs et d'acteurs.In fine, seule Sofia Djama est repartie avec le "Bayard" de la meilleure première œuvre de fiction avec Les Bienheureux. Les autres, comme Karim Moussaoui, ont exprimé leur satisfaction d'avoir partagé leur film avec un public curieux. Par ailleurs, le Bayard d'or, la plus haute distinction du festival, a été attribué à Samuel Benchetrit et Gábor Rassov pour le film Chien. Au sein de la sélection, on note la domination de la touche féminine que l'on retrouve même dans le jury officiel où siège l'actrice marocaine Loubna Abidar qui écorne l'image du festival, vu la vacuité des propos qu'elle tient lors de ses interventions dans les médias. Contrairement à cela, les œuvres en lice sont d'une grande facture. Pas moins de trois films, signés par des femmes, ont concouru à Namur. La Tunisie a tenté sa chance avec deux films dont La Belle et la meute, de Kaouther Ben Hania, vu dans "Un Certain Regard" au dernier Festival de Cannes, et Benzine, de Sarra Abidi. Le premier a été pris dans la compétition internationale alors que le deuxième dans celle de la première œuvre. De son côté, l'Algérie est entrée en lice avec Les Bienheureux, de Sofia Djama qui revient sur l'après-décennie noire. Présenté à Venise dans la section Orrizonti, ce film s'inscrit dans la lignée de ces cinéastes qui ont échappé à la cécité et surdité cinématographiques qui a atteint légion de nos cinéastes. Jeu des jeunes amateurs mis à part, Nadia Kaci s'est montrée très convaincante devant un Bouadjla qui a su s'algérianiser. Aussi ce film révèle la jeune Lyna Khoudri qui a évolué de surprise en surprise. On ne risque rien de dire que l'un des mérites de ce film est de révéler une actrice qui va faire du chemin. Le jury vénitien ne s'est guère trompé en la distinguant. À Namur, c'est tout le film qui est récompensé par le Prix de la première œuvre. En restant toujours en Algérie et dans la première œuvre, Karim Moussaoui a tenté sa chance avec En attendant les hirondelles. La sélection de ce film dans "Un Certain regard" à Cannes 2017 a assuré une promotion rêvée au réalisateur qui a livré une œuvre qui a aussi échappé à la cécité et à la surdité cinématographiques, puisque la caméra, tel un stéthoscope ou microscope, ausculte ou scrute la société en tentant ensuite de trouver des formes nouvelles et attractives de la décrire. Cette édition namuroise a également révélé l'humoriste algéro-belge Nawell Madani qui signe son premier film auto-biographique sur un registre comique. Elle raconte comment Lila, fille d'immigré algérien, défie son père pour réaliser son rêve de devenir danseuse. Dans le registre du documentaire, c'est Merzak Allouache, vieux routier du cinéma, qui a pu se préserver de cette maladie citée plus haut, qui revient avec un docu-fiction Enquête au paradis se voulant un diagnostic inquiétant de la société algérienne, en proie aux conséquences ravageuses de la propagande des prédicateurs salafistes. Même si la fierté peut nous envahir en notant cette forte présence algérienne, force est de constater que cela malheureusement ne peut cacher la convalescence du cinéma algérien ravagé par des politiques décidées et menées par des fonctionnaires et ministres aussi incompétents qu'irresponsables. Mis à part Allouache qui arrive à faire ces films d'une manière relativement autonome, les autres Algériens célébrés à Namur ont réussi grâce aux fonds étrangers. Qui aurait pensé que Sofia Djama dont le court Mollement un samedi soir, censuré même par les diverses manifestations culturelles en Algérie, y compris dans sa Béjaïa natale, allait représenter l'Algérie à Venise ? Le proverbe nul n'est prophète en son pays se vérifie une fois de plus. De Namur : Tahar HOUCHI