Mardi, la Maison de la culture de Tizi Ouzou a abrité une série d'activités dédiées au parcours exceptionnel de l'illustre Boulifa, linguiste, pédagogue et grand précurseur de l'enseignement de la langue amazighe. La maison de la culture Mouloud-Mammeri et la bibliothèque principale de lecture publique de Tizi Ouzou ont abrité, avant-hier, une série d'activités dédiées au parcours exceptionnel de l'illustre amusnaw Si Amar Ou Saïd Boulifa, linguiste, anthropologue, pédagogue et grand précurseur de l'enseignement de la langue amazighe dès la fin du XIXe siècle. La manifestation avait débuté à la bibliothèque municipale par l'ouverture des stands d'une exposition portant sur la vie et l'œuvre de Boulifa, suivie d'un récital poétique et d'une lecture de textes par l'association culturelle Saïd-Boulifa du village d'Adeni (commune d'Irdjen, dans la région de Larbâa Nath Irathen) d'où il est originaire. La nombreuse assistance a eu droit ensuite à un cours académique au profit de lycéens basée sur "la méthodologie pédagogique de Saïd Boulifa dans l'enseignement de la langue amazighe", présenté par Razika Hanet et Abdelkader Haroun, membres de l'association des enseignants de tamazight de la wilaya de Tizi Ouzou, suivi de la projection d'un film documentaire sur la vie et l'œuvre de ce grand homme de lettres algérien. S'exprimant à l'ouverture de cette manifestation, la directrice de la culture Nabila Goumeziane a souligné que "les mérites de Si Amar Ou Saïd Boulifa reviennent au fait d'avoir sauvé de la déperdition évidente une partie de notre patrimoine culturel populaire oral, à l'exemple des textes littéraires de grande valeur et des poèmes Si Mohand qu'il a eu la chance de rencontrer". Et de poursuivre : "En même temps, il a entamé des recherches et des investigations dans les domaines de l'archéologie et de l'anthropologie qui étaient exclusivement réservés à une certaine élite occidentale. Boulifa est l'un des intellectuels algériens ayant posé un regard interne sur la culture amazighe." Durant l'après-midi, le Petit théâtre de la Maison de la culture a aussi abrité une table ronde très intéressante sous le thème "les mérites de Boulifa dans l'enseignement de tamazight", animée par les universitaires Saïd Chemakh, Hamid Bilek et Sedik Azoug. "La rencontre d'aujourd'hui est un hommage à un précurseur qui a été l'un des premiers à élaborer les méthodes d'enseignement de tamazight et à recueillir la poésie de Si Moh Ou M'hand, lui qui a été voir ce grand poète populaire pour authentifier sa poésie et, mieux que cela, il était le premier à écrire l'histoire du Djurdjura de l'antiquité jusqu'à 1830", dira le professeur et chercheur en tamazight à l'université de Tizi Ouzou, Saïd Chemakh. Pour sa part, Hamid Bilek, archéologue et ancien cadre au HCA, a établi un parallèle entre l'œuvre de Boulifa et celle de l'illustre Mouloud Mammeri. "Deux personnalités, dit-il, qui ont donné une idée juste de la société kabyle et qui ont assumé pleinement leurs projets, compris les besoins de la langue amazighe et placé la Kabylie dans un espace plus large, à savoir maghrébin et universel." Né en 1861 à Adeni, dans la région de Larbâa Nath Irathen, Saïd Boulifa est un ancien instituteur formé à l'école normale d'instituteurs de Bouzaréah dans les années 1890, qui a consacré toute sa vie à la recherche sur la langue amazighe et à son enseignement, en plus de l'histoire, l'archéologie et la sociologie de la société kabyle. Il décède le 8 juin 1931 à Alger, mais le lieu de son enterrement demeure à ce jour étrangement inconnu de sa famille. K. Tighilt