Echaudé par l'expérience lamentable d'Alcaraz, le pouvoir, par le truchement de son ministre de la Jeunesse et des Sports, brûle la politesse au président de la FAF, Kheireddine Zetchi, et décide de prendre le taureau par les cornes. Pas question donc de laisser Zetchi commettre une autre erreur de casting, mieux vaut, pensent les pouvoirs publics, imposer un candidat. Le choix s'est visiblement porté sur Rabah Madjer afin d'absorber la colère de la rue, dépitée par les résultats d'Alcaraz et les nombreux errements de l'actuelle direction de la FAF. "Nous avons convenu d'arrêter une short-list de techniciens et d'entamer les discussions avec eux juste après la réunion du bureau fédéral de mercredi dernier afin de trouver un remplaçant à Alcaraz. Dans nos têtes, rien ne presse, d'autant plus que l'EN ne disputera pas de match officiel jusqu'au mois de mars 2018. Mais jeudi, on m'appelle pour me sommer de tout arrêter sous prétexte que le choix s'est porté sur Rabah Madjer, je suis dégouté", fulminait jeudi un membre influent du bureau fédéral qui a préféré garder l'anonymat pour des raisons évidentes. "Il paraît que les ordres sont venus d'en haut, enfin c'est ce qu'on a tenté de m'expliquer pour justifier ce revirement. Ce n'est pas sérieux ! Je n'ai rien contre Madjer qui est un ami, mais encore une fois, les décisions, comme ce fut le cas avec Alcaraz, sont unilatérales et irréfléchies, alors que la logique aurait voulu que la FAF fasse des consultations et connaisse les projets d'au moins quatre postulants avant de trancher en collégialité", ajoute-t-il sur un ton amer. La déception est partagée par un autre membre du bureau fédéral qui révèle que "lors de la réunion de mercredi déjà, le président Zetchi a glissé sans crier gare le nom de Madjer, histoire de nous préparer, alors que les membres du bureau fédéral ont proposé d'autres noms comme Belmadi, Giresse et autres Courbis. Personnellement, en entendant son nom, j'ai senti le roussi". Pour le moment, la FAF n'a toujours pas réagi officiellement à ces informations. "Le président de la FAF, Zetchi, nous a ordonné de ne pas communiquer sur ce sujet de l'EN. Rien sur Alcaraz, rien sur Madjer, jusqu'à la prochaine réunion du bureau fédéral, prévue le 28 octobre", nous confie une source proche de la cellule de communication de la FAF. Hier, le vice-président de la FAF et président de la commission de gestion de l'EN, Bachir Ould Zmirli, a annoncé l'éventualité de confier la sélection nationale à Rabah Madjer et Djamel Belmadi. "Effectivement, Rabah Madjer fait partie de techniciens susceptibles de diriger la barre technique de l'équipe nationale. C'est un entraîneur capable de mener la sélection grâce à son vécu en tant que joueur puis entraîneur. Nous avons également songé aux services de Djamel Belmadi. Je pense qu'il est temps de privilégier la piste locale", a t-il affirmé à la radio nationale. Et d'ajouter : "Nous avons écarté l'idée de désigner un staff technique intérimaire juste pour diriger le prochain match face au Nigeria le 10 novembre. Le prochain sélectionneur sera désigné la semaine prochaine avec en point de mire la préparation de ce dernier match des qualifications du Mondial." Cependant, il est clair que les jeux de coulisses ont fini par privilégier la piste Madjer au mépris de toute transparence. Chassé par les supporters du temple du 5-Juillet, en 1995, à l'issue d'une débâcle contre l'Ouganda, Rabah Madjer revient à la tête des Verts pour la seconde fois en 2001. Lors de la phase finale de la CAN 2002 au Mali, il avait été éjecté dès le premier tour avec à la clé trois défaite en autant de matches joués. Au-delà des diplômes que le MJS lui a offerts, son parcours plaide contre lui et surtout contre ceux qui veulent aujourd'hui recommencer un échec cuisant ! SAMIR LAMARI