Pour la première fois, depuis bien longtemps, la prestigieuse zaouïa de Cheikh Ben Abderrahmane, fondateur de la confrérie des Rahmania, située dans l'arch Nath Smaïl, commune de Bounouh, daïra de Boghni, a accueilli des milliers de fidèles venus honorer le saint vénéré aux deux tombes (Bouqabrine). Il faut dire que, depuis l'avènement du terrorisme islamiste, ce lieu de culte a été au centre d'un enjeu entre les adeptes d'un islam tolérant et convivial, hérité de nos traditions, et les nouveaux prosélytes, décidés à imposer leurs pratiques venues d'ailleurs.En effet, la zaouïa a rouvert ses portes de manière fastueuse ce jeudi, jour du Mawlid Ennabaoui. Les organisateurs ne s'attendaient sans doute pas à cette foule nombreuse, venue de tous les coins du pays. Femmes, filles, enfants, hommes, vieux, tous étaient là, dans un décor de couleurs de fête, de piété et de retrouvailles. Sur des kilomètres, la route qui y mène est bondée de véhicules et de familles marchant à pied. Cinq bœufs y ont été immolés à cet effet. Certaines femmes sont venues apporter des offrandes (argent) ou tissu (waâda) qu'elles revêtent sur le tombeau du saint, après que leurs prières, faites ici même, eurent été exaucées. D'autres sont venues prier le retour d'un être cher ou une guérison ou, encore, la paix dans leur foyer. Enfin, il y a aussi celles qui sont venues simplement honorer la mémoire du saint homme. Les vieux sages, accroupis en cercle (agraw), bénissent ceux qui donnent la waâda. Une équipe de l'Entv est sur place. Elle diffusera son reportage l'après-midi du jeudi sur Canal Algérie et l'Entv, au journal du 18h en tamazight.Pour rappel, la zaouïa de Sidi Ben Abderrahmane a été érigée en 1790. Selon la légende, le saint homme possédait deux tombes, l'une ici et l'autre à Alger. La zaouïa a été détruite en 1860, après l'arrivée des Français. Elle a été restaurée entre 1926 et 1928. Selon les explications fournies par M. Boukhalfa, membre de l'arch, elle a connu un gel de ses activités pendant plus d'une décennie. K. B.