Le ministre des Affaires religieuses, M. Ghoulamallah, s'est rendu hier matin à Seddouk, chef-lieu de daïra à l'ouest de Béjaïa, pour l'ouverture officielle d'un colloque national de deux jours sur la Rahmaniya et l'insurrection de 1871. Il y a deux semaines, en effet, le 8 avril précisément, l'Algérie commémorait le 135e anniversaire du soulèvement de 1871 dont Bachagha El-Hadj Mohamed El-Mokrani était le chef militaire et Cheikh Aheddad, le chef spirituel. à son arrivée, le ministre, accompagné d'une forte délégation, a procédé à la distribution d'attestations d'investissement ; des dotations financières pour la création de microentreprises dans le cadre de “sondouk el-zakat”, avant de lancer les travaux du colloque. Le ministre s'est ensuite rendu à Seddouk Oufella, village natal du vénéré cheikh où il a successivement visité “thakhelouith n'cheikh”, la cellule de cénobite où il se retirait pour méditer, la pièce mitoyenne de la “kheloua” où il recevait ses visiteurs, la grande maison familiale de Belheddad, aujourd'hui en ruine, ainsi que la mosquée antique du village construite par le propre grand-père du cheikh probablement fin 1600, début 1700. Pour rappel, Mohand Ameziane Belheddad dit Cheikh Aheddad est né en 1790 à Seddouk Oufella. Après avoir fait ses premières classes à l'école du village, il a rejoint la zaouïa de cheikh El-Mouhouv à Imoula (M'cisna), puis celle de cheikh Arav Nath Irathen avant d'intégrer la zaouïa de cheikh Mohand Ben Abderrahmane, le fondateur de l'ordre des Irahmaniyen, à Ath Smaïl (Boghni). Il est devenu le guide spirituel de cette puissante confrérie après la défaite de cheikh Amar, qui s'était engagé auprès de Fadhma n'Soummer et qui avait choisi de s'exiler en Syrie. Cheikh Aheddad a été arrêté le 13 juillet 1871 et emprisonné à Constantine malgré son âge avancé et une maladie qui le handicapait presque totalement. Au procès dit des grands chefs au printemps 1873, il a écopé d'une peine de cinq ans de prison, mais il est décédé dans sa cellule au bout de cinq jours. L'administration française n'a pas voulu qu'il soit enterré chez lui de peur que sa tombe ne devienne un haut lieu de pèlerinage et donne le départ à une nouvelle insurrection. Il a donc été enterré à Constantine. Djamel Alilat