Il faudrait actionner une sacrée performante machine à remonter les époques et repartir vraiment très loin dans le temps pour trouver trace d'une pareille démarche suicidaire de la FAF. Alors que les effets néfastes et conséquences désastreuses de l'innommable erreur de casting qui a installé Lucas Alcaraz sur le banc des Verts font encore jaser, voilà que l'instance fédérale, présidée par Kheïreddine Zetchi, s'est déjà lancée dans une délirante course contre la logique en avançant l'incroyable thèse d'un retour aux commandes de Rabah Madjer. Vraiment, c'est à croire que cette FAF est complètement déconnectée de la réalité et à des années-lumière de ce que requiert le football moderne comme exigences de très haut niveau. S'entêtant à faire abstraction de tout raisonnement intelligent, Kheïreddine Zetchi et son bureau fédéral sont en train de commettre l'irréparable : une seconde monstrueuse erreur de casting, encore pire que l'horrible dérapage comportemental qui a attribué à l'antipathique Alcaraz un premier rôle bien trop imposant pour ses frêles épaules et son minois tristounet. Installer Rabah Madjer sur le banc de la sélection nationale équivaudrait, donc, à perpétuer cette inconsciente manière qu'a désormais la FAF pour désigner un technicien au plus important poste de toute l'Algérie du football. Aucun esprit minimalement éclairé ne tolérerait une telle démarche. Ne s'étant pas encore sorti du marécage financier dans lequel elle s'est embourbée avec le scandale Alcaraz et le coût exorbitant de la résiliation de son contrat aveuglément paraphé, voilà que la FAF se met une nouvelle fois, aussi stupidement qu'inconsciemment, dans la gueule du loup avec cette nomination qui n'aboutit à aucun critère. Preuve en est : ils sont des millions d'Algériens à s'être clairement exprimés "contre !" Désormais véritable baromètre des opinions, la Toile — plus spécifiquement les réseaux sociaux — est là pour témoigner de l'impopularité record de "Madjer le sélectionneur''. Ceux qui veulent l'installer de force ne doivent assurément pas remarquer ce qui est pourtant doublement évident : si le football a énormément changé, les références des Algériens ont tout aussi évolué. Depuis 2014 et l'inoubliable épopée des Verts au Mondial brésilien, le principal point d'ancrage des Algériens pour ce qui a trait au poste de sélectionneur a pour nom : Vahid Halilhodzic ! Ni Madjer, ni Saâdane, ni encore Khalef ou Mekhloufi, quand bien même ces trois derniers n'auraient plus rien à prouver ou à démontrer tant leurs riches parcours respectifs plaident pour eux. Mais maintenant que la FAF sait qu'il y aura bien une opposition frontale avec "le peuple'' de l'EN en cas de désignation de Madjer, ira-t-elle jusqu'au coup de force quitte à créer un climat de haine, de rejet et de tension exécrable autour de la sélection ? Zetchi poussera-t-il l'outrecuidance jusqu'à violer "l'opinion populaire'' juste pour ne pas déjuger "celui'' qui lui donne des ordres ? Cette FAF aura-t-elle l'insouciance et l'inconscience de provoquer délibérément une véritable rupture avec l'imposante assise populaire des Verts quitte à mettre le gouvernement et son système dans l'embarras et en proie à une éventuelle révolte dès le 10 novembre à Constantine à l'occasion de la réception du Nigeria ? Ou au contraire, jouera-t-elle l'apaisement en s'inclinant devant le choix du peule ? Autant de questions auxquelles la FAF devra apporter une réponse claire dans les plus brefs délais. Rachid BELARBI