D'un côté comme de l'autre, des pas ont été faits, et le dialogue n'est plus impossible aujourd'hui entre le gouvernement algérien et ces ONG qui ont fini par admettre que le terrorisme n'était pas une résistance armée d'un groupe politique poussé dans ses derniers retranchements. La réconciliation nationale est-elle synonyme d'amnistie générale ? Dans ce pays où la manipulation des concepts est une spécialité de dirigeants politiques toujours disposés à semer la confusion, les deux notions sont présentées comme assimilables. Rien n'est pourtant moins sûr tant leurs implications politiques, historiques et symboliques peuvent se distinguer. Même le président de la République, auquel on prête le projet de l'amnistie générale, garde sur ce sujet une dose de prudence qu'il n'affiche pas lorsqu'il parle de la réconciliation nationale. C'est dire la complexité de la question qui amène les organisations de défense des droits de l'Homme à formuler de très fortes réserves vis-à-vis de ce projet au contenu encore vague et incertain. Les mêmes organisations ont pourtant soutenu, il y a dix ans, le projet de réconciliation nationale défendu par le contrat de Rome. On peut pousser des cris d'orfraie et les accuser de persister gratuitement dans un rôle de dénigrement systématique des autorités algériennes. Un minimum de prudence ne serait pourtant pas inutile puisque Amnesty, HRW et la FIDH ont fini pas être partiellement confortés sur le sujet des disparus. Aujourd'hui, les plus hautes autorités reconnaissent une situation qu'elles se sont évertuées longtemps à dissimuler en présentant toutes les disparitions comme autant de ralliements aux maquis. Il y a évidemment une énorme différence entre le point de vue officiel révisé, qui attribue ces disparitions à des actes individuels, et celui des ONG qui les présentaient comme une méthode planifiée de lutte contre le terrorisme. D'un côté comme de l'autre, des pas ont été faits, et le dialogue n'est plus impossible aujourd'hui entre le gouvernement algérien et ces ONG qui ont fini par admettre que le terrorisme n'était pas une résistance armée d'un groupe politique poussé dans ses derniers retranchements. Ce n'est malheureusement pas le point de vue des zélateurs qui ne se sont pas privés de mettre en garde même le prestigieux Nelson Mandela contre une éventuelle tentation de nous présenter, lors d'un virtuel voyage (à notre invitation), la méthode sud-africaine qui a permis la paix dans son pays. Sous quel argument ? Notre situation est spécifique. Un peu comme l'était notre socialisme. Ou l'est notre démocratie. C'est pourtant une évidence de dire que la vérité précède toujours le pardon. Dans le droit comme dans la morale, il s'agit d'une exigence. Y. K.