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La concorde a servi l'impunité
Selon Amnesty International
Publié dans Liberté le 16 - 09 - 2003

Dans son dernier rapport annuel rendu public hier, l'ONG affirme que “l'amnistie accordée, en janvier 2000, à des milliers de membres des groupes armés a empêché de connaître la vérité sur les atteintes graves aux droits humains”.
Amnesty International (AI) considère que la concorde civile a permis de couvrir les responsables des atteintes aux droits de l'Homme. Dans son dernier rapport annuel sur la situation des droits de l'Homme en Algérie, intitulé Mesures prometteuses ou simples faux-fuyants, rendu public, hier, cette Organisation non gouvernementale (ONG) évalue les résultats de la loi portant concorde civile, promulguée le 16 septembre 1999. “Amnesty International est profondément préoccupée par d'autres mesures prises récemment par les autorités algériennes. C'est ainsi que l'amnistie accordée, en janvier 2000, à quelque 1 000 membres des groupes armés et l'application extrajudiciaire de mesures de clémence par la suite ont empêché de connaître la vérité sur les atteintes graves aux droits humains et ont garanti l'impunité aux responsables”, lit-on dans ce rapport. Selon AI, l'impunité des responsables à l'origine des atteintes aux droits de l'Homme a privé ainsi “des dizaines de milliers de victimes de leur droit à la réparation”. L'ONG de Roger Clark accuse le régime de Bouteflika de n'avoir pris aucune initiative dans le sens “d'aborder les séquelles de la décennie écoulée durant laquelle l'Algérie a été confrontée à une crise des droits humains d'une ampleur effroyable”. Aucune enquête approfondie, ajoute-t-elle encore, indépendante et impartiale, n'a été effectuée sur les atteintes massives aux droits humains commises depuis 1992 et qui constitue, estime-t-elle, “des crimes contre l'humanité”. Dans ce contexte, elle rappelle les milliers d'homicides, les milliers de cas de tortures, “imputables aux groupes armés ainsi qu'aux forces de sécurité et aux milices armées par l'Etat”, et les milliers de personnes “disparues” après leur arrestation par “les forces de sécurité ou les milices armées par l'Etat”, selon cette ONG. Dans le même ordre d'idées, elle soutient que les autorités algériennes continuent de nier la responsabilité “des agents de l'Etat dans la violation des droits de l'Homme”. La gravité de la situation des droits de l'Homme en Algérie requiert des mesures urgentes et concrètes aux yeux d'Amnesty International de la part des autorités algériennes. “Après avoir parlé pendant des années de l'amélioration de la situation des droits humains, il n'a jamais été plus urgent pour les autorités algériennes de traduire leurs promesses de changement dans les faits”, martèle AI dans son rapport. “Il est grand temps, ajoute-t-elle, que les autorités algériennes commencent à tenir leurs promesses de changement et prennent des mesures efficaces en vue de mettre un terme aux atteintes aux droits humains”.
Le ton très offensif de cette ONG est en rapport avec les promesses de changement non tenues du régime de Bouteflika. Amnesty International affirme, à cet égard, que l'incapacité persistante de l'Etat à transformer ses promesses en actes a entraîné une perte de confiance entre des citoyens et leurs gouvernants : “Pour regagner la confiance des simples citoyens, le gouvernement doit démontrer qu'il est vraiment déterminé à aborder les préoccupations récentes de la population dans le domaine des droits humains.” Par ailleurs, l'organisation de Roger Clark réitère, dans son rapport d'hier, son appel aux groupes armés afin qu'ils cessent les atteintes aux droits de l'Homme, tout comme elle les prie de mettre un terme aux enlèvements et aux viols pratiqués sur les femmes et les filles, ainsi qu'à tous les cas de torture.
Entre autres décisions attendues par Amnesty International du régime de Bouteflika, le règlement de la crise en Kabylie, le problème des disparus, la question des droits sociaux et la ratification du statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI). Amnesty International avait adressée, en effet, le 17 juillet dernier, une correspondance à Bouteflika lui demandant de ratifier le statut de la CPI.
Bouteflika ira-t-il jusqu'à ratifier le statut de Rome ? Surtout que ce traité prévoit l'élaboration de nouvelles lois et l'amendement des législations existantes pour les pays signataires du traité. Et ce, dans le but de “mener des enquêtes, de poursuivre des personnes soupçonnées des infractions définies dans le statut de Rome et de coopérer pleinement avec la Cour pénale internationale”.
Nadia Mellal
Bouteflika, le consensus brisé
Homme du consensus, Bouteflika s'est mû, incroyablement, en homme du “dissensus”. Rappel d'un bilan politique tortueux.
La concorde civile, c'est aussi un autre bilan. Politique celui-là. On se souvient de la fameuse gageure que s'était promis Abdelaziz Bouteflika de réaliser au lendemain de son élection : fédérer la classe politique, du RCD jusqu'à Ennahda, autour de son programme. Et il avait réussi. Mais pour un temps seulement. L'édifice de la coalition gouvernementale ne tarda pas à se fissurer au grand dam d'un dessein présidentiel emballé dans la même concorde qui, en plus d'être chimérique, n'en est pas moins trompeuse. Car, en vérité, la tentation du président de la République d'imposer un pouvoir personnel comme mode de gouvernance a vite été décelée par ses partenaires politiques. Un style de gouvernance qui prône la primauté du Président sur toute la vie politique et institutionnelle du pays. Y compris celle des partis politiques, que l'on découvre d'ailleurs avec la crise au FLN. Alors que sa concorde civile commençait déjà à battre de l'aile et à essuyer des critiques, même de la part de ceux qui ont tôt fait de l'applaudir, Bouteflika fonce la tête baissée pour imposer l'autre concorde nationale dont les contours et les objectifs sont, sinon impossibles, du moins difficilement cernables politiquement.
Même ses plus fidèles alliés qui lui avaient pourtant accordé un blanc-seing ont fini par admettre la nature confuse, voire ésotérique, de cette concorde. Le projet s'avère donc difficile à vendre puisque seul son concepteur — Abdelaziz Bouteflika en l'occurrence — en connaît peut-être la quintessence. Le patron du RND, Ahmed Ouyahia, dont les sentiments exécrables envers la nébuleuse islamiste ne font pas mystère, avoua d'ailleurs un jour ignorer totalement le contenu politique de cette concorde nationale. Bien sûr, au même titre que les autres partis, il n'a pas voulu souscrire à cette démarche tant que n'étaient pas clarifiés ses implications et ses objectifs.
Près de deux années après sa proclamation depuis Batna et à moins d'une année de la fin du mandat de Bouteflika, on ne sait pas encore ce que cette option politique suggère. Bien qu'il soit loisible de comprendre, en filigrane, que, mal élu, le Président entendait rassembler le maximum de partis autour de son programme pour se présenter sous les oripeaux d'un véritable Président du consensus. Mais, ce consensus qu'il a laborieusement tissé autour de lui, il l'a incroyablement dilapidé en un laps de temps record.
L'homme du consensus a trompé tout son monde en se transformant en homme du “dissensus”, pour reprendre l'expression de l'un de ses plus farouches opposants et qui maintenant siège allègrement dans ses gouvernements. De Président soutenu par tout le monde, Abdelaziz Bouteflika s'est retrouvé étrangement seul face à sa concorde mort-née qui prend de plus en plus l'allure d'un objet politique non identifié. Pis, la crise de Kabylie, qui a éclaté et que son gouvernement a entretenue et attisée, cadre mal, très mal, avec le noble objectif de réaliser une concorde nationale. C'est plutôt de la discorde qu'il s'est agi tout au long de ces deux dernières années ponctuées par une dislocation du tissu politique et par un crime d'Etat en Kabylie commis au nom de la concorde. Et pour cause, la crise de Kabylie passe pour être un cinglant démenti à la profession de foi de Bouteflika. L'histoire retiendra, en effet, que c'est durant son règne que cette région du pays, bastion de la Révolution et de la démocratie, s'est détachée, deux années durant, du pouvoir d'Alger parce que assassinée, oubliée et blessée dans son amour-propre. De quelle concorde parle Bouteflika alors ? Il est vrai qu'il a su manœuvrer pour obtenir successivement le soutien du FLN puis celui du RND pour meubler sa solitude. Mais, les faits sont là, têtus : la concorde nationale a lamentablement échoué.
Et la fronde qu'il a organisée au FLN est la parfaite illustration de sa volonté de tout casser pour s'assurer un deuxième mandat. Il a eu, cependant, un succès sans gloire : Bouteflika a laminé les partis politiques et a altéré la pratique politique à tel point que les citoyens, révulsés, n'hésitent pas à parler de “république bananière”, de “tribu” ou encore du “clan de Oujda new-look”.
Le fait est que, aujourd'hui même, Bouteflika n'évoque plus sa concorde nationale. C'est une “blague” qu'il ressortira sans doute lors de la prochaine campagne pour sa propre succession. Mais va-t-on l'écouter cette fois ? Rien n'est moins sûr.
HASSAN MOALI
Quatre années après sa promulgation, la loi sur la concorde civile continue d'être diversement appréciée par la classe politique.
À l'unanimité, les partis de la mouvance démocratique considèrent que l'initiative de Bouteflika a été un échec. Un échec, en ce sens qu'elle n'a pas ramené la paix civile outre qu'elle a permis aux islamistes de reprendre du poil de la bête.
Aux yeux des partis de la mouvance islamiste, en revanche, cette loi est insuffisante, même s'ils lui trouvent quelques bienfaits, et qu'à ce titre, elle est appelée à être promue en concorde nationale. Seul le RND, sans doute en raison de sa participation au gouvernement, se contente de rappeler qu'elle devait se terminer le 13 janvier 2000, refusant de commenter le bilan de quatre années de son application. Florilège.
Ils jugent la concorde de Bouteflika
Djamel Ferdjallah (RCD)
“Comme l'ensemble des chantiers ouverts, la concorde civile est une terrible dérive.
Conçue pour désarmer les terroristes, juger les auteurs de viols et de crimes et prévenir la reconstitution d'un parti intégriste, la concorde civile, redéfinie comme “concorde nationale”, s'est avérée être une glorification du terrorisme et une relance de l'islamisme.
Comme l'ensemble du bilan présidentiel, ce dossier est un vrai désastre pour les familles victimes du terrorisme et la crédibilité des institutions.
Aujourd'hui, avec la désignation d'un ministre titulaire d'un portefeuille de souveraineté, connu pour ses penchants islamistes, pour piloter la stratégie de subversion du chef de l'Etat, les intentions sont claires : la volonté politique de remettre le pays à 1991 est une évidence politique qui n'échappe plus à personne.”
Abdelmadjid Menasra (MSP)
“Pour nous, la paix civile est une réussite, mais la concorde civile est une solution partielle à une crise globale.
Au MSP, on a appelé à la nécessité de la promotion de la concorde civile en réconciliation nationale, et qui doit regrouper tout le monde sans exclusive et sans haine. Certes, la violence a diminué, mais la concorde n'est qu'une solution partielle à la crise.”
Karim Tabbou (FFS)
“Quatre ans après la promulgation de la loi sur la concorde civile, force est de constater, selon les décomptes de presse, qu'elle a complètement échoué, étant donné que des Algériens sont fauchés quotidiennement.
Sur un autre plan, nous n'avons pas évité une mesure sécuritaire, j'allais dire policière, qui ne répondait pas à la nécessité d'engager le pays dans une solution politique.
Il y a lieu de signaler que pas moins de 5 000 personnes sont mortes depuis la promulgation de la loi sur la concorde civile et on sait que le bilan officiel est toujours sous-évalué.
En réalité, cette loi a voulu essentiellement donner une couverture juridique aux accords secrets passés entre l'armée et l'AIS. Cette concorde a été, en réalité, une occasion pour le chef de l'Etat d'organiser un scrutin afin de faire oublier le trucage électoral auquel il doit son élection. Force est de constater que la grâce amnistiante dont ont bénéficié 5 000 membres des groupes armés n'a pas permis de rétablir la paix civile.
C'était une démarche de blanchiment réciproque de toutes les horreurs subies par la population algérienne, qui s'est faite au mépris de tous les principes universels de justice et de vérité. Bien sûr qu'à travers cette loi, le pouvoir s'est taillé un rideau lui permettant d'opérer et de gérer la violence en toute impunité, et depuis, notre pays n'a pas cessé de sombrer dans la violence et le pouvoir s'est fait des garanties de laisser cette situation sans images, ce qui explique d'ailleurs les harcèlements répétés contre la liberté de la presse afin de mener son entreprise meurtrière en toute impunité.”
Rédha Malek (ANR)
“Lorsqu'on a décrété cette concorde, le terrorisme était en pleine régression, grâce à la longue lutte des corps sécuritaires et sur le plan politique par les forces vives de la nation et les Patriotes. On était d'accord pour le texte, mais les terroristes devaient être jugés. Finalement, on s'est contenté de demander aux terroristes de rendre les armes et on a fermé les yeux par la suite. Certains, d'ailleurs, en ont profité pour reprendre le souffle. Les aspects politiques, psychologiques et moraux posent toujours problème. La lutte contre le terrorisme doit continuer et cette action ne doit pas être seulement sur le terrain sécuritaire. Ce que nous reprochons d'ailleurs, c'est l'absence de dimension politique dans la lutte contre le terrorisme. On reproche l'alliance rampante avec les résidus de l'intégrisme. La concorde civile a absolument échoué.”
Miloud Chorfi (RND)
“Notre position est connue. Pour nous, la concorde a été bénéfique : elle a permis l'amélioration de la situation sécuritaire et le retour de la stabilité. C'était une halte dans l'histoire pour tenter de ramener à la raison les terroristes et s'inscrivait dans le prolongement de la loi sur la rahma. Comme nous l'avions dit, elle devait se terminer le 13 janvier 2000.”
Violence terroriste
L'illusion de recul
C'est la façon de l'appréhender en tant que phénomène de société qui a changé.
Nombre de citoyens, pris sous le charme aseptisant de la concorde, partagent largement, aujourd'hui, l'idée selon laquelle la violence islamo-terroriste a disparu dans notre pays. Grave méprise qui revient à prendre des vessies pour des lanternes car, chaque jour qui passe, avec son lot de victimes, est un démenti formel à cette illusion d'optique. Certes, nous n'en sommes plus aux massacres collectifs avec leur retentissement politico-médiatique international, qui ont fait, pendant dix ans, de l'Algérie un pays où la vie était en ballottage avec la mort, mais il suffit de faire le décompte mensuel des morts rapportés par la presse pour se rendre à l'évidence et voir que le terrorisme continue de frapper.
Des militaires, en ratissage dans les maquis islamistes, continuent de sauter sur des bombes artisanales, des policiers qui demeurent la cible d'attentats, des faux barrages qui sont régulièrement signalés et des réseaux de soutien qui régénèrent. Autant de faits têtus et obtus qui devraient au moins inciter à la vigilance. La violence islamo-terroriste n'est plus la même dans son intensité, mais elle n'est surtout pas la même dans notre façon de l'appréhender en tant que phénomène de société. Il y a quelques années, une embuscade contre une patrouille de l'armée ou l'arrestation d'un sombre “émir” faisait, le lendemain, la une de tous les journaux, eux-mêmes partie prenante dans le combat contre le terrorisme.
Ce n'est plus le cas aujourd'hui où ces évènements sont ramenés, ou presque, à la dimension d'un fait divers. C'est que la violence est banalisée, d'une part, et les centres d'intérêt politico-médiatiques d'aujourd'hui ne sont plus ceux de naguère, d'autre part.
La douloureuse crise de Kabylie a supplanté dans la presse la thématique du terrorisme.
Ce que ne manquerait pas de confirmer, à coup sûr, un listing exhaustif des articles consacrés depuis avril 1991 à la violence dans cette région, aux conclaves des coordinations des délégués, aux velléités de dialogue avec le pouvoir. Un événement chassant l'autre, loi implacable de l'information, même la crise de Kabylie, qui est pourtant loin d'être réglée, est en passe de glisser au second plan, devant la passion que suscite la campagne anticipée pour la présidentielle de 2004.
Depuis des mois, le duel singulier que se livrent le président Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis, pour le contrôle de l'appareil du FLN, constitue le menu quotidien des journaux, exception faite pour les médias publics qui tentent, plutôt mal que bien, d'occulter cette bataille et de “brancher” l'opinion sur les sorties du président de la République et les enveloppes qu'il distribue généreusement à chacune de ses haltes préélectorales. Tout compte fait donc et tout bien pesé, on est encore loin de prétendre que la violence islamo-terroriste relève du mauvais souvenir. À moins que l'on veuille se bercer de vaines illusions.
N. Sebti


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