Le gouvernement continue de puiser dans les réserves de change pour combler une balance des paiements déficitaires. Intervenant devant la Commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN), lors de la présentation du projet de loi de finances 2018, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, a indiqué que les réserves de change devraient baisser à 85,2 milliards de dollars à fin décembre 2018, couvrant 18,8 mois d'importations. Selon M. Raouya, cité par l'APS, les réserves de change poursuivront leur contraction pour atteindre 79,7 milliards de dollars en 2019 (18,4 mois d'importations) avant d'atteindre les 76,2 milliards de dollars en 2020 (17,8 mois d'importations). Pour rappel, le ministre des Finances avait prévu que les réserves de change de l'Algérie pourraient reculer à 97 milliards de dollars à fin décembre 2017. Elles étaient estimées à 105,8 milliards de dollars à fin juillet 2017. Après de successives et considérables hausses, les réserves de change de l'Algérie ont commencé à connaître un fléchissement depuis 2014 sous l'effet combiné de la baisse des cours pétroliers et des exportations des hydrocarbures, ainsi que d'une hausse fulgurante des importations. Les réserves de change de l'Algérie avaient augmenté à 178,94 milliards de dollars à fin décembre 2014. Cette chute des réserves de change va entraîner, inévitablement, une dépréciation du dinar. Abordant le commerce extérieur, le ministre a indiqué que les importations devraient poursuivre une tendance baissière pour atteindre 43,6 milliards de dollars en 2018, 41,4 milliards de dollars en 2019 et 40,9 milliards de dollars en 2020. Quant aux exportations des hydrocarbures, elles devraient, successivement, augmenter à 34,4 milliards de dollars en 2018, à 38,3 milliards de dollars en 2019, puis à 39,5 milliards de dollars en 2020, a indiqué le grand argentier du pays. Le ministre du Commerce a annoncé, jeudi, que le gouvernement compte mettre en œuvre des mesures de sauvegarde "volontaristes destinées à orienter les importations dans une tendance baissière". L'Exécutif ambitionne de ramener le niveau des importations à 30 milliards de dollars en 2018. Parmi les mesures que le gouvernement compte prendre, le ministre du Commerce a cité le relèvement des taux de droits de douane, le rétablissement de la taxe intérieure de consommation sur des produits finis à l'importation et le contingentement d'autres groupes de marchandises qui pèsent lourdement sur la balance commerciale. Le ministre des Finances a, par ailleurs, indiqué que la trajectoire budgétaire pluriannuelle, prévue dans le projet de loi de finances, prévoit une baisse du déficit du Trésor. Il devrait passer de 2 344 milliards de dinars en 2016 à 1 963 milliards de dinars de dinars en 2018, puis à 55 milliards de dinars en 2019. Le déficit du Trésor public sera couvert principalement par le recours au financement non conventionnel. Le ministre a indiqué que dans ce cadre, les besoins en matière de financement sont estimés à 570 milliards de dinars en 2017 et devraient augmenter à 1 815 milliards de dinars en 2018 et à 580 milliards de dinars en 2019. "Le Trésor public n'aura besoin de recourir à aucun financement, et ce, du fait du niveau faible du déficit prévu", a estimé M. Raouya. Meziane Rabhi