Surplombant la mythique ville de Miliana et situé presque à portée de la crête ouest du mont Zaccar, Fonal est le genre de quartier où les doléances des habitants peuvent rester lettre morte encore des décennies. Ce quartier où vivent plus d'une centaine de familles ayant déserté les douars Boumaâd, Aïn N'sour, Benchabane à cause du terrorisme au début des années 1993-1994. Si au début, une dizaine de familles est venue pour habiter dans des gourbis, il a fallu attendre l'année 1994 pour que l'idée de la construction de ce quartier voit le jour avec une précipitation dans le choix du terrain. Au début, chaque habitation devrait être érigée sur une surface de 12 m2, par la suite il faut accorder une rallonge de 12m2 pour la cour. Actuellement, ces habitations sont dans un état de délabrement avancé, la plupart sont fissurées alors qu'elles n'ont été habitées qu'en 1996. Les habitants nous ont fait visiter leurs chambres ou plutôt leurs cellules, trop exiguës alors que la plupart sont des familles nombreuses. “Ces habitations ont été confiées à des entrepreneurs qui, à leur tour, les ont sous-traitées ; s'ils nous les ont données, on aurait construit mieux et chaque habitation nous serait revenue à 6 millions alors que l'Etat a déboursé plus du triple, sans aucune viabilisation, des buses de wc, en parallèles avec les toilettes, des égouts sont sur les tuyaux de l'eau potable”, nous affirme-t-on. Un autre habitant ajoute : “Nos maisons prennent eau de toutes parts, l'électricité nous a été amenée le 31 octobre 2000 ; l'eau coule trois jours et est coupée durant un mois. À chaque coupure, on nous sort le coup de la pompe qui tombe en panne.” Selon ces habitants,“ces pannes sont provoquées à dessein car les pannes itératives sont fructueuses pour certains. l'idéal est que la pompe sera avancée de 500 mètres en hauteur pour atténuer l'effort du reste des pompes”. Pour ces habitants, aucune aide ne peut restaurer leurs maisons et tout le lotissement est à raser. Juste derrière, un chantier de 240 logements de l'Opgi prend forme, comme s'il nargue ce quartier où chaque habitant a un malheur à raconter. Questionnés sur la possibilité qu'ils puissent y postuler et acquérir ces nouveaux logements, les habitants réfutent même d'y penser : “Nous sommes tous des chômeurs et on n'aura pas les moyens de payer les 6 millions pour avoir les clés ou les loyers. La plupart d'entre nous sont des GLD et ils ne sont pas rémunérés malgré qu'ils passent la plupart de leur temps à surveiller les maisons dans une guérite. Ils ont déjà repoussé par le passé quatre incursions terroristes.” En les relançant sur les logements de l'Opgi, les réponses fusent : “L'Etat peut nous aider à rendre commode notre quartier en construisant une route. Ici, la boue remplace la poussière et nos enfants éprouvent beaucoup de problèmes à aller à l'école qui se trouve à Kourkah. Figurez-vous qu'une course en taxi ou avec un clandestin nous revient de 150 à 200 DA.” L'ancien wali était venu dans ces lieux et il avait promis de prendre les dispositions nécessaires. Le nouveau, M. Kadi, également s'était rendu sur les lieux avec toute la délégation des cadres de la wilaya où il s'est enquis de la désastreuse situation héritée du temps des DEC. Le nouveau responsable a chargé le responsable local de recenser les habitants qui seraient au nombre de 99 afin d'étudier plusieurs options : relogement, revenir sur leurs terres moyennant des aides conséquentes dont des aides à la reconstruction de leurs anciennes maisons abandonnées, la reconstruction d'autres, la construction d'écoles, de polycliniques, de routes, le raccordement en eau potable, en électricité et de prioriser la création d'un pôle économique à vocation agropastorale afin de permettre à ces habitants qui veulent retourner d'avoir une vie semblable aux citadins mais meilleure à celle qu'ils avaient à la cité Fonal. D'autres mesures incitatives leur seront octroyées. M. B.