La crise politique au Liban a mis au grand jour les manigances de Riyad dans la région du Proche-Orient, où l'Arabie Saoudite est prête à s'allier avec le diable pour y asseoir son contrôle, quitte à fouler aux pieds la cause palestinienne. Le royaume d'Arabie Saoudite s'est engagé auprès des Etats-Unis, dans ce que Riyad qualifie de partenariat stratégique avec Washington, à tout mettre en œuvre au Proche-Orient pour protéger Israël, a révélé un document confidentiel, qui a fuité du ministère saoudien des Affaires étrangères et publié hier par le quotidien libanais Al Akhbar. Le document en question explique à lui seul l'isolement du Qatar depuis juin par les pays du Golfe, la démission surprise et "mystérieuse" du Premier ministre libanais Saad Hariri il y a dix jours et cette campagne de dénigrement du rival iranien. "L'Arabie déploiera toutes ses capacités diplomatiques et profitera de ses relations politiques avec l'Autorité palestinienne et les pays arabes et islamiques afin de parvenir à des solutions raisonnables, acceptables et innovatrices sur les questions litigieuses contenues dans l'initiative de paix arabe présentée par l'Arabie saoudite", lit-on dans le texte de la correspondance envoyée par le chef de la diplomatie saoudienne Adel Jubeir, au prince héritier Mohamed Ben Selmane. M. Jubeir propose en effet de "soumettre la ville d'Al-Quds (occupée) à la souveraineté internationale et de naturaliser les réfugiés palestiniens dans les pays arabes", ce qui les dissuaderait à vouloir rentrer un jour en Palestine. "L'Arabie Saoudite pourra jouer un rôle plus actif en soutenant et mobilisant les autres à parvenir à une solution réalisant la paix et la prospérité entre Israël et le monde arabe et islamique", ajoute le texte. Mais Riyad cherche d'abord à obtenir des garanties quant à un soutien inconditionnel et actif des Etats-Unis et un engagement solennel de Washington dans sa guerre diplomatique contre son rival iranien, ajoute le document qui lève le voile sur une partie du secret des discussions qui ont eu lieu entre le roi Selmane et le président américain Donald Trump, lors du sommet de mai dernier à Riyad. Aussi, la correspondance de M. Jubeir confirme les informations qui ont fait état d'un échange de visite entre les responsables saoudiens et israéliens, dont le but est de normaliser les relations entre les deux pays, mais en prenant la précaution de ne pas s'attirer les foudres des pays arabo-musulmans soutenant la cause palestinienne, ce qui risque d'égrener l'image de l'Arabie Saoudite, comme le craint Riyad. Ainsi, Riyad et Tel-Aviv se seraient entendus, selon cette correspondance, à "contribuer à contrer toutes les activités qui servent les politiques agressives de l'Iran au Moyen-Orient", à "renforcer les sanctions américaines et internationales sur le programme balistique iranien" et d'"accroître les sanctions contre l'Iran pour son soutien au terrorisme de par le monde". Pour ce faire, Riyad insiste sur la nécessité de "réviser l'accord nucléaire conclu entre l'Iran et le groupe des 5+1 afin de garantir une application littérale et stricte de ses points", ajoute le texte. Déterminée à anéantir son rival, l'Arabie Saoudite œuvre à convaincre ses alliés à "réduire l'accès de l'Iran à ses avoirs gelés et exploiter la détérioration de la situation économique de l'Iran dans le but d'augmenter la pression sur le régime iranien de l'intérieur". Lyès Menacer