Les enfants sont de plus en plus exposés au crime électronique, aux abus sexuels, à l'exploitation et aux agressions de toutes sortes. Les actes de violence prennent des proportions alarmantes. Hier, Yasmine Khouas, chef du bureau de protection de l'enfance à la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), a révélé que plus de 14 700 enfants et femmes ont fait l'objet d'actes de violence durant les 9 premiers mois de l'année 2017. Lors d'un forum organisé à l'Ecole supérieure de Châteauneuf, Mme Khouas a indiqué que les services de police ont recensé 2 626 enfants en danger, soit 14,39% d'augmentation par rapport à 2016. "Les victimes sont souvent abandonnées ou négligées par leurs parents. Ces derniers connaissent pertinemment les retombées de tels actes. Pire, ce sont ces mêmes parents qui poussent leur progéniture vers le marché informel où elle est exploitée au grand dam de la loi", a indiqué l'oratrice qui affirme, par ailleurs, que 2 260 enfants ont été remis à leur famille et 82 autres ont été réintégrés. En revanche, elle dira que 284 enfants ont été placés dans des centres spécialisés, et ce, après délibération des juges des mineurs. Concernant la violence faite à cette frange vulnérable, Mme Khouas a révélé que les services de la DGSN ont enregistré 4 444 cas d'enfants victimes d'actes criminels, dont 2 039 pour coups et blessures volontaires et 568 liés aux abus sexuels. Dans le même registre, ce bilan fait état de 40 enfants (+2%) victimes d'abus sexuel via Internet, dont 13 enquêtes ont été élucidées avec le concours d'Interpol. "Ces 13 cas ont des ramifications internationales. Cela est dû à l'usage incontrôlé de l'internet par les parents et le chantage en milieu scolaire." Aux yeux de Mme Khouas, "les efforts déployés par la Police judiciaire et les cellules d'écoute, ajoutés au lancement récent de la brigade dédiée aux personnes vulnérables, ont porté leurs fruits. À la DGSN, le traitement des affaires liées aux mineurs est prioritaire. Nous orientons beaucoup nos efforts vers l'école, la famille et la société civile. Le placement des enfants constitue le dernier recours". Par ailleurs, Mme Khouas a indiqué que 7 668 femmes ont fait l'objet d'agressions, de violences et d'actes abjects, dont 52,48% des sujets ont été violentés au niveau de leur foyer et 21% dans la rue. Durant la même période, les services de la DGSN ont relevé 19 cas d'homicide volontaire. "La grande majorité des auteurs est proche de la victime, dont les maris. En revanche, ce qui nous a impressionnés dans l'étude analytique, c'est que la grande majorité de ces auteurs est âgée entre 26 et 35 ans. Ce sont des personnes équilibrées, qui travaillent et qui ont des enfants. Même sur le plan financier, ils ne manquent de rien !", a encore développé Mme Khouas. Celle-ci a révélé qu'en 2017, une nouvelle variante s'est greffée dans cette étude analytique. Il s'agit des femmes qui déposent des plaintes et qui ne reviennent plus pour les valider. Ainsi, durant cette même période, la DGSN a recensé 736 femmes victimes de violence et qui n'ont pas validé leurs plaintes. Sur les 779 auteurs, on relève que 759 d'entre eux ont un lien de parenté directe avec la victime. D'où le recul de ces femmes violentées qui ne voudraient pas aller jusqu'au bout de la procédure judiciaire. Enfin, la déléguée à l'enfance au Premier ministère, Meriem Chorfi, a annoncé la formation des éducateurs de quartier dans les 48 wilayas. Ces derniers seront chargés d'encadrer les enfants dans leurs activités de proximité et de sensibiliser la société aux dangers qui guettent cette frange vulnérable. FARID BELGACEM