La violence contre les enfants et les femmes prend une ampleur inquiétante, en Algérie. Ces violences ne reculent pas en dépit des lois qui interdisent toutes formes d'agressions contres ces personnes vulnérables, car dans la réalité, ces actes sont, le plus souvent, étouffés ou timidement dénoncés. Pas moins de 4.444 enfants et 7.586 femmes ont été victimes de violences, durant la période du 1er janvier au 30 septembre 2017. C'est ce que révèlent des statistiques de la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), présentées, hier, par le commissaire de police Khouass Yasmine, chef de bureau de la protection de l'enfance, à la direction générale de la police judiciaire, au Forum de la police, à l'Ecole «Ali Tounsi». Le bilan des violences faites aux enfants et aux femmes a montré que sur les 4.444 enfants ayant subi différentes formes de violence, 193 cas ont été victimes de violence sexuelle. La violence physique arrive en tête des violences, suivie des agressions sexuelles. La conférencière a, également, souligné que 40 affaires de violence comportant un cyber-crime, à l'égard des enfants ont été traitées par les services de la police, durant la même période. Les infractions cybernétiques sont de nature, le plus souvent sexuelle. La conférencière explique que les agresseurs incitent des enfants à des contacts sexuels filmés qui seront suivis d'intimidation et de menace de diffuser les vidéos des victimes, si le concerné refuse les ordres. Elle a indiqué que ce genre d'infractions ciblent, expressément, les enfants et parfois les femmes. La conférencière a tenu à préciser que tout commence par un simple jeu pour que l'enfant se retrouve en face de son micro ou sa tablette avec des personnes inconnues, parfois dangereuses, et tombe dans le piège. La conférencière a évoqué, également, les chiffres concernant les violences faites aux femmes. Elle a précisé que les services de la police ont enregistré, durant les 9 mois écoulés de l'année en cours, 7.586 cas de femmes, victimes de violence, contre 7.563, l'année écoulée. Concernant les auteurs de violence, l'intervenante a précisé que les femmes subissent le plus souvent des violences dans le milieu familial, à hauteur de 52,48 %. Les auteurs et les victimes des violences sont plus souvent mariés, a-t-elle tenu à le préciser. Et d'indiquer que ces chiffres sont très loin de la réalité car la femme refuse, généralement, de déposer plainte contre une personne proche, ou un membre de sa famille. Elle a affirmé que même celles qui se présentent au commissariat pour déposer plainte ne reviennent pas le lendemain pour suivre les procédures. Sur la base des chiffres, elle affirme que sur les 7.586 femmes qui se sont présentées, au service de la police, 737 femmes ont vite abandonné les procédures de dépôt de plainte, notamment celles qui ont été violentées par leurs proches. Le commissaire de police, Khouass Yasmine, a indiqué que les services de la police ont mis à la disposition des enfants, notamment ceux ayant subi des violences sexuelles, des salles d'enregistrement audio-visuel « des auditions filmées », pour que l'enfant ne soit pas dans l'obligation de raconter ce qu'il a subi à plusieurs reprises. Elle a également fait état de la création, toute récente, des 50 brigades de la protection des personnes vulnérables, dont le personnel est essentiellement composé de femmes. Ces brigades ont une triple mission, la lutte contre la délinquance juvénile, la protection des mineurs et la lutte contre la violence, à l'égard des femmes.