Alors que les ressources du pays sont énormes et variées, l'activité mines et carrières ne contribue qu'à hauteur de 1% au produit intérieur brut (PIB) du pays. De l'avis même du ministre de l'Industrie et des Mines, Youcef Yousfi, qui, dans un entretien paru dans la dernière édition du magasine Oil & Gas Business, a déclaré que "le secteur des mines est hélas sous-exploité" et que "le secteur minier souffre aujourd'hui d'un manque de moyens financiers, qu'il faudra aplanir". En plus, le ministre fait un terrible constat sur l'amenuisement de l'encadrement dans le secteur des mines en Algérie. En effet, des informations font état que durant les 15 dernières années, près de 800 ingénieurs formés par la défunte Société nationale de recherche et d'exploitation minière (Sonarem) ont quitté le secteur. Un savoir-faire qualifié que l'Algérie a perdu. Il faut dire que la richesse minière du pays a longtemps été négligée au profit des hydrocarbures. Par la loi 01.10 du 3 juillet 2001, l'Etat avait décidé de se désengager du programme de recherche minière. Paradoxalement, cette loi, qui prévoyait de ne faire aucune distinction entre les opérateurs privés et publics, algériens et étrangers, n'a pu drainer les capitaux des investisseurs privés nationaux ou étrangers. Amendée il y a deux ans, les textes d'application tardent à venir, laissant les professionnels dans une totale frustration face aux potentialités immenses de ce secteur. D'ailleurs, le ministre a indiqué que son département "va mettre l'accent sur les textes d'application, pour compléter le dispositif réglementaire manquant". À ce titre, Youcef Yousfi a souligné que "le service géologique travaille pour remettre à jour les gîtes miniers de chaque wilaya, et, dans la plupart des wilayas, c'est fin prêt". Selon lui, c'est une cartographie qui donne pour chaque wilaya toutes les ressources minières disponibles et prouvées. C'est une information complète qui ne peut que capter l'intérêt du secteur privé et lui permettre d'exploiter convenablement ces ressources. Par ailleurs, et pour valoriser ces richesses, les pouvoirs publics ont lancé de grandes opérations de développement des phosphates, du minerai de fer, des métaux de base, de l'or et d'autres minerais à travers la valorisation des projets existants (gisement de fer de Gara Djebilet et celui du zinc-plomb de Béjaïa) et la création de nouvelles installations (nouvelles unités de production de bentonite de Maghnia, mise en production du gisement de baryte de Draissa (Béchar) et la construction de deux nouvelles marbreries à Skikda et Sig). À noter que les gisements de fer de Ghar Djebilet de Béchar recèlent 3,5 milliards de tonnes de fer. Les études de ce projet de valorisation de ces mines sont en voie de finalisation. Autant de projets qui viendront assurément doubler le chiffre d'affaires du secteur des mines pour atteindre 40 milliards de dinars, mais aussi réduire la facture d'importation, notamment là où le pays dispose d'un potentiel réel, à l'exemple du carbonate de calcium, de la bentonite, de la baryte, du marbre et du granit. Il faut savoir que la production du phosphate, minerai très rentable, vise à atteindre les 6 millions de tonnes/an à l'horizon 2018 et 10 millions de tonnes à l'horizon 2020 contre 1,2 million de tonnes de brut actuellement. Et dans ce contexte, la réalisation de quatre unités de transformation dont deux unités à Oued El-Kebrit (Souk-Ahras) et à El-Aouinat (wilaya de Guelma) sont prévues. Saïd Smati