Dans une conférence organisée, hier, par Care sur l'identité numérique, les données personnelles et l'e-réputation, il est constaté un vide institutionnel et l'absence de structures en Algérie chargées de veiller au respect de la vie privée et des droits des personnes sur Internet. Les conférenciers ont tenté au préalable de vulgariser les concepts d'identité numérique et l'e- réputation en vogue dans le langage spécialisé sur la Toile. L'explosion de l'utilisation des médias sociaux et, d'une manière plus générale, de l'Internet a favorisé d'une manière drastique l'accumulation des données et/ou informations personnelles ainsi que leur circulation sur le Net. Tout internaute dispose aujourd'hui d'une identité à plusieurs dimensions, d'abord personnelle, et fait tout récent, d'une identité numérique qu'il doit apprendre à gérer, préserver et protéger pour pouvoir maîtriser la collecte et le stockage de ses données personnelles par des tiers à son insu. L'identité numérique peut être définie comme "un lien informatique entre une identité réelle d'une personne et une entité virtuelle, c'est-à-dire, en quelque sorte, sa représentation numérique. Elle se construit grâce à toutes les activités faites sur Internet et notamment l'inscription sur des réseaux sociaux professionnels ou non et des forums. Elle se compose de nombreuses facettes avec les "pseudos", les alias, les identifiants et les profils par exemple. L'identité numérique d'un individu ou d'une entreprise est composée de données formelles telles que les coordonnées, les certificats, etc., ainsi que celles qui sont informelles comme les commentaires, les notes, les billets, ou toute information sur des supports multimédia. Toutes ces informations laissées sur Internet composent l'identité numérique d'un individu, d'une entreprise ou d'une institution. Avec l'avènement des technologies du numérique, on ne se limite plus à l'identité civile car Internet est devenu le lieu où se font et se défont les réputations et où les identités sont devenues plus complexes et plurielles", lit-on dans le communiqué de presse rendu public à cette occasion. En Algérie, il n'y a pas, selon les conférenciers, de définition juridique de l'identité numérique ni de textes sur la protection des données personnelles. Cependant, si l'on se réfère aux articles 46 et 51 de la Constitution algérienne de 2016, on constate, ajoutent-ils, que la protection des données personnelles et leur traitement sont un droit fondamental. L'Etat garantit cette protection dans la Constitution, mais qu'en est-il dans la réalité, notamment en matière de traitement de données sensibles comme les données biométriques contenues dans un passeport ? Leur utilisation est-elle systématiquement contrôlée, réglementée ? Telle est la problématique posée par les conférenciers. Première réponse : "Internet est aujourd'hui utilisé par près de 50% de la population algérienne. Dans ce contexte, ce qu'on appelle la e-réputation de l'entreprise est un sujet majeur qui nécessite d'établir une stratégie cohérente en accord avec ses enjeux. Internet peut être ce moyen pour véhiculer des valeurs positives qui permettent de se forger une bonne e-réputation de l'entreprise. Créer, cultiver et protéger son identité numérique sont aujourd'hui des enjeux majeurs pour tout type d'entreprise. Internet est donc un "terrain de jeu" rêvé pour l'entreprise qui veut développer son marketing et se faire connaître pour forger son e-réputation." L'entreprise doit s'y démarquer, valoriser son expertise et son expérience auprès des internautes, qui sont autant de prospects ou tout simplement des clients avec lesquels le contact doit être maintenu. Il est également essentiel de réaliser une veille permanente pour contrôler la e-réputation de l'entreprise. D'où l'absolue nécessité face à ces milliards de données personnelles d'un individu ou une entreprise dont des informations parfois très sensibles circulent sur Internet au vu et au su de tout le monde. Il serait temps, concluent les conférenciers, que notre pays se dote d'institutions qui auraient pour missions principales de veiller à ce que l'informatique ou le numérique dans toutes ses dimensions soit au service du citoyen et qu'il ne porte atteinte ni à l'identité humaine, ni aux droits de l'Homme, ni à sa vie privée, ni à ses libertés individuelles ainsi que publiques. R. N.