Le chef spirituel de la communauté chiite bahreïnie, cheikh Issa Qassem, qui est de fait assigné à résidence depuis une condamnation en 2016, est tombé gravement malade, a indiqué hier un proche. Dans un communiqué, le groupe d'opposition Bird a précisé que l'état de santé d'Issa Qassem s'était "sérieusement détérioré dimanche" et qu'une équipe de médecins qui a pu lui rendre visite avait diagnostiqué "une hernie nécessitant une opération d'urgence". "La monarchie bahreïnie joue avec le feu", a affirmé le directeur de Bird, Sayed Ahmed Alwadei, en exigeant un traitement médical approprié pour le dirigeant chiite. Ce dignitaire de 75 ans avait été déchu de la nationalité bahreïnie en juin 2016 après avoir été accusé par les autorités "d'avoir servi des intérêts étrangers". Par ailleurs, dans ce qui est ouvertement une campagne de purge dans les milieux politiques de l'opposition chiite, la justice bahreïnie a repris ses procès contre les leaders chiites qu'elle accuse d'accointance avec l'Iran, rival de l'Arabie Saoudite dans la région, ainsi qu'avec le Qatar, nouveau paria des pays du Golfe, tous aux ordres de Riyad. En signe de contestation contre cette campagne de purge, le chef politique de l'opposition chiite à Bahreïn, cheikh Ali Salmane, qui purge une peine de neuf ans de prison, a donc refusé hier d'assister à l'ouverture d'un nouveau procès qui lui est intenté pour "intelligence avec le Qatar". Le prévenu, âgé de 52 ans "a refusé d'assister à l'audience" marquant l'ouverture du procès devant la Haute cour pénale, a indiqué, dans un communiqué, le procureur général de Bahreïn sans autre explication. Il a ajouté que les deux assistants du chef de l'opposition chiite, Hassan Sultan et Mehdi Ali Lassoued, étaient en fuite et que la prochaine audience avait été fixée à demain. De son côté, Ali Salmane et ses deux assistants ont été inculpés "d'intelligence avec l'Etat du Qatar en vue de commettre des actions hostiles dans le but de nuire à la position politique et économique du royaume de Bahreïn, de renverser son régime et de dévoiler ses secrets défense". Ils sont également accusés "d'avoir reçu d'un Etat étranger (le Qatar) des sommes d'argent en contrepartie de la transmission d'informations concernant des secrets militaires et la situation générale dans le pays". Ali Salmane a été formellement inculpé le 1er novembre sur la base d'une conversation téléphonique datant de 2011 entre l'opposant chiite bahreïni et l'ancien Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al-Thani. Cette inculpation est intervenue après l'embargo décrété contre le Qatar par quatre pays arabes, dont Bahreïn, qui accusent ce pays du Golfe de "soutenir des mouvements terroristes", ce que Doha dément, et de se rapprocher de l'Iran. R. I./Agences