Les autorités bahreïnies ont accusé 23 opposants chiites de fomenter un complot pour faire tomber la monarchie sunnite, sur fond de tensions confessionnelles à l'approche des élections générales prévues fin octobre. Ces militants ont été inculpés samedi de “formation d'un réseau terroriste” visant à renverser le régime. Ils auraient tenu dans ce but des réunions secrètes à Bahreïn et à l'étranger, selon les autorités. Ces accusations interviennent alors que ce petit royaume du Golfe à majorité chiite, dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa, se prépare à la tenue d'élections municipales et législatives le 23 octobre. Parmi les inculpés figurent Abdeljalil al-Singace, un responsable du groupe d'opposition Haq, Mohammed Saïd, un dirigeant du Centre pour les droits de l'homme de Bahreïn, ainsi que deux religieux chiites, cheikh Mohammed al-Moqdad (connu sous le nom de Habib Mansour al-Safaf) et cheikh Saïd al-Nouri. Deux des accusés n'ont pu être arrêtés car ils se trouvent “hors du pays”. Le Haq, également appelé Mouvement des libertés et de la démocratie (MLD), est un groupe dissident de la principale formation chiite, l'Association pour l'entente nationale islamique (AENI). Le chef de l'AENI, Cheikh Ali Salmane, avait averti, le 22 août, que ces arrestations menées depuis le 13 août risquaient de conduire à “plus de violences”. Le royaume a connu ces dernière semaines une série d'incidents révélateurs des tensions entre sunnites et chiites, ces derniers s'estimant discriminés au niveau de l'emploi, du logement et des services publics fournis à leurs villages. Le 25 août, le directeur de rédaction du quotidien Al-Watan, proche des autorités et critique à l'encontre des hommes politiques chiites, a affirmé avoir été agressé par des inconnus. La police a annoncé par la suite l'arrestation de ses deux assaillants. Un incendie criminel s'est par ailleurs déclaré dans un dépôt de ferraille, ce qui aurait pu provoquer une grave pollution, selon les autorités, qui ont là aussi annoncé des arrestations. Dans une allocution télévisée, le roi Hamad ben Issa al-Khalifa a réagi dimanche en dénonçant de tels actes de “terrorisme”, “interdits par l'islam et étrangers au peuple de Bahreïn”. Leurs auteurs ont profité de la “tolérance” du pouvoir et cru qu'ils étaient “au-dessus de la loi”. Bahreïn doit “se mobiliser pour se protéger de la sédition et de ses démons, et rester uni contre la violence et le terrorisme”, a-t-il clamé.