En marge du 11e Festival national du théâtre comique, les académiciens et les enseignants ayant animé les diverses conférences du colloque se sont penchés sur les différents aspects de l'apport du théâtre en tant que moyen didactique et d'éducation. Dans le cadre du colloque consacré au thème "L'humour, l'éducation et l'esthétique", organisé en marge du Festival national du théâtre comique à la salle de conférences Mohamed-Bencheneb de l'université Yahia-Farès de Médéa, des académiciens et des enseignants se sont penchés sur les différents aspects de l'apport du théâtre en tant que moyen didactique et d'éducation. Déplorant le manque d'intérêt pour le texte à caractère humoristique qui est souvent marginalisé, Dr Mohamed Bahri, de l'université de Biskra, dira que ce genre n'est pas pris au sérieux, encore moins utilisé dans les œuvres cinématographiques et théâtrales. Et pour cause, "notre société n'accorde pas beaucoup de liberté au comique, alors que la liberté est la base nécessaire à toute création humoristique". Faisant référence à l'auteur Saïd Boutadjine qui se sert du personnage du fou appelé Abdel Walou, qui est au bas de la pyramide et devant se transcender pour chercher et trouver les termes d'un langage qui sied au souverain qui le persécute. L'autre exemple d'œuvre qui a inspiré un travail d'exploration de l'enfance marginalisée est celui écrit par Saïd Benzerga, qui est partie d'une description autobiographique pour aboutir à l'analyse d'un dédoublement de l'enfance qui peut paraître, de prime abord, sous un visage angélique mais qui, en réalité, peut cacher un esprit démoniaque. Plus académique et plus profonde est l'intervention de Dr Abdelkrim Ghribi, de l'université de Mostaganem, intitulée "Les approches scientifiques occidentales de l'humour", partant de Frederick Hegel qui, dira-t-il, "a sorti l'humour comme corpus de l'étymologie vers la philosophie et l'esthétique". Il citera les apports de Jean-Paul Sartre qui est venu avec sa théorie du sublime inversé, de Sigmund Freud qui parle de refoulement en utilisant la sublimation pour dire les choses avec noblesse afin de détruire tout ce qui est enfermé. Revenant à la thématique de l'éducation, Dr Ghribi dira : "Nos enfants ne savent ni compter, ni lire, ni rire, c'est un drame ! Mais à travers l'utilisation de l'humour comme mécanisme de test, on peut mesurer le degré d'intelligence de l'enfant, et à travers l'humour il apprendra à compter, à lire et à écrire." Pour l'universitaire, il y a lieu pour les hommes du théâtre et les dramaturges d'utiliser les approches scientifiques des philosophes comme base à toute recherche en matière d'écriture dramaturgique et de création théâtrale. Abordant la comédie de Alloula, Mme Mostafa Ezzegai Djamila, qui l'a étudiée à travers la pièce qui a pour titre Homq Salim dans le but de caractériser les formes de la comédie dans le théâtre algérien, a identifié certaines formes de comédie avec leurs caractères de situation et de comportement, et la forme caricaturale et de dérision qui se sert de l'exagération des traits pour décrire les maux et les problèmes de la société algérienne. Dans la pièce de Alloula, expliquera-t-elle, l'on rencontre la forme propre à la comédie narrative qui se base sur la description des choses, comme par exemple le couffin de son ami, la forme qui attribue une certaine humanisation aux animaux à travers la chienne de Raja appelée Loubna, à laquelle ont été donnés des attributs d'une femme qui tombe amoureuse du chien du mécanicien appelé Atik. La comédie mimique utilisée à des fins comiques est une autre forme qui utilise les échanges phonétiques, syntaxiques pour exercer un effet sur le récepteur, mais cette forme nécessite des capacités énormes de la part du comédien, dira-t-elle. La dérision, la récurrence des mots et la comédie noire ou grise sont aussi les formes utilisées par Alloula à travers le personnage de la femme de ménage, car, a indiqué la conférencière, la comédie de Alloula est une comédie étudiée, idéologique, qui tient compte des aspects artistiques et esthétiques. La présence de l'écrivain Boutadjine Saïd a été très remarquée en référence à ses travaux, lui qui est aussi spécialiste en sémiotique et analyse du discours et qui a traduit de nombreux auteurs tels que Kateb Yacine, Malek Haddad, Malika Mokadem, Truffeau, etc. Boutadjine s'est focalisé dans son intervention sur l'anti-discours entre le discours de référence et le discours qui repose sur l'écart. C'est, dira-t-il, une vision personnelle de la réalité du thème, des objets narratifs d'une manière générale, "j'inverse les points de vue". Partant du rire dans l'expérience théâtrale, Habib Boukhlifa, metteur en scène et professeur des arts dramatiques à l'Ismas, estime qu'il y a un problème d'éclaircissement des concepts. Et pour cause, dans la société algérienne, le comique était façonné par la pratique, contrairement à la société européenne où la comédie d'inspiration aristotélicienne était structurée par le texte et par la théorie ensuite. M. EL BEY