"Je ne finirai ni mes études, ni ma vie en Algérie". Ces mots sonnaient comme une certitude à mes yeux et sûrement aux yeux d'énormément de jeunes de mon âge. Mais ceci était avant mon entrée à l'université il y a un an, à l'école polytechnique d'architecture et d'urbanisme. Vue comme ça rien de spécial, une école comme il y en a tant d'autres en Algérie, un cadre et des infrastructures qui n'étonnent pas ma personne. Cependant, bien cachés au fond de locaux délabrés, on retrouve de jeunes gens aux idées et aux rêves pleins la tête, la forme humaine de l'espoir, jeune et rêveur, seraient-ils trop naïfs ? Ou peut-être seraient-ils la réponse à la question du siècle : ‘Comment changer l'Algérie?' Au début, je l'avoue, j'optais plutôt pour la première réponse. Il s'agit des clubs scientifiques, ils organisent des événements, des journées à thème, des débats ainsi que des concours. Ils ont tous un but commun : s'épanouir et rendre la vie d'un étudiant algérien plus agréable, plus enrichissante. Ils sont tous différents, authentiques, ils viennent des quatre coins du pays, un mélange de cultures nécessaire pour mener à bien cette mission, ces clubs collaborent entre eux, avec des associations, des administrations souvent pas très collaboratrices. Mais aussi avec des personnes qui leurs donnent l'occasion de se développer, s'épanouir, apprendre et se faire connaître, comme ce très fameux journal quotidien dont vous connaissez très certainement le nom. Malheureusement ces gens bienveillants se font rares, les contraintes, elles, sont fréquentes, presque attendues, comme si on ne voulait pas d'eux, qu'on avait peur qu'ils y arrivent miraculeusement. Le doute de ne justement pas y arriver, lui, est constamment présent, un avenir flou s'offre à eux. Ils ont le choix entre persister, se sacrifier et peut être même passer leurs vie à essayer, ou bien abandonner et chercher ailleurs, une lâcheté justifiée, presque légitime, souvent accompagnée de regrets. Ces jeunes, scintillants comme le soleil du pays, ils ne veulent pas regretter, non ils ne demandent qu'à être entendus, qu'on leur fasse confiance et qu'on les aide. Il y a un an, j'ai croisé le chemin de ces personnes-là, mes aînés ainsi que mes camarades, et je les ai rejoints, de ‘ils' je passe à ‘nous'. Aujourd'hui je fais partie de ce mouvement, moi qui ne voulais rien savoir 12 mois auparavant. Bien sûr, l'incertitude est toujours là, il y a des jours où je ne sais pas quoi faire, mais à leur côté, j'envisage la fuite comme dernier recours, et au lieu de penser à me sauver, je me sens comme un superhéros prêt à tout pour sauver mon Algérie. Farah BOUCHERIT (Partenariat Réd-DIG-"Liberté" (#RDL)/NOMAD (EPAU) ) @fliflab14