Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a réagi, hier en marge de la tripartite, au soulèvement de la jeunesse kabyle provoqué par le rejet de la majorité parlementaire à l'amendement relatif à la généralisation de la langue amazighe dans l'enseignement proposé dans le cadre de la loi de finances 2018 par la députée du Parti des travailleurs (PT), Nadia Chouitem. Ouyahia qualifie cet amendement de "manœuvre démagogique". "Il s'agit d'une manœuvre pédagogique, pour ne pas dire plus, au niveau du gouvernement", a-t-il accusé sans nommer l'auteur de l'amendement, en l'occurrence Nadia Chouitem. Le Premier ministre a réagi sur ce sujet avant même qu'une question ne lui soit posée par les journalistes qui l'ont apostrophé en marge de la tripartie. "Je profite de cette occasion pour réagir sur ce qui se passe actuellement autour de la question de l'enseignement de l'amazighité. Je ne sais pas si quelqu'un parmi vous m'a posé la question ou pas encore, mais j'anticipe pour réagir sur ce sujet", a-t-il dit, dissimulant mal sa préparation pour faire passer son message à cette occasion sur cette question précise. Ouyahia estime, un brin ironique, que "même un enfant âgé de 12 ans comprendrait que le budget de l'éducation nationale reste global et qu'il n'existe pas de budget détaillé pour chaque matière enseignée à l'école". "Il n'y a pas un budget pour la matière des mathématiques, un autre pour l'éducation physique et un autre budget pour l'amazighité", a-t-il expliqué, regrettant que "cette manœuvre" (l'amendement de la députée du PT, Ndlr), ait provoqué "l'anarchie dans une région du pays", allusion faite à la Kabylie où des manifestations sont menées depuis le rejet de cet amendement par la majorité parlementaire à l'occasion de l'adoption de la LF 2018. "Cette manœuvre a, malheureusement, provoqué l'anarchie dans une région du pays où des élèves réclament la consécration de l'amazighité dans l'enseignement. Or l'amazighité est déjà enseignée à travers 38 wilayas, elle est présente dans les examens du BEM et du bac. La langue amazighe est aussi enseignée dans pas moins de 7 universités dans les cycles de licence et du LMD et elle est présente dans plus de 10 centres universitaires de recherche. Je tiens à faire passer ces informations à l'opinion publique", a-t-il souhaité. Le Premier ministre a néanmoins habillement évité d'évoquer la répression policière des manifestations en Kabylie, notamment dans la wilaya de Bouira où des heurts entre les jeunes manifestants et les services de la police sont quasi quotidiennement déplorés. Les manifestations pacifiques y ont même été parfois poussées à l'émeute. Il convient de rappeler que le mouvement s'est étendu également à la région de Batna, mais aux universités d'Alger où les étudiants issus de la Kabylie ont tenu récemment à exprimer leur soutien à ces manifestations à travers des rassemblements pacifiques tenus à même les cours de différents établissements universitaires de la capitale. Farid Abdeladim