Louisa Hanoune, porte-parole du parti des travailleurs, a mis à profit hier la date du 1er Mai, fête des travailleurs, pour rajouter une couche de piquant à sa croisade contre l'actuelle démarche économique libérale du gouvernement. Animant un meeting populaire à la salle du cinéma Afrique (Alger), Louisa Hanoune a tiré à boulets rouges sur toutes les lois adoptées ces dernières années. La loi sur les hydrocarbures, le pacte social, l'accord d'association avec l'UE… tout est passé à la moulinette. Poussant le bouchon plus loin, elle a demandé leur annulation, estimant qu'il y a possibilité de revenir sur toutes les décisions prises. “Les ressources algériennes ne sont pas à vendre, la patrie est à défendre. Non à la privatisation des hydrocarbures, non à l'indigénat, non à toute atteinte aux richesses nationales !” a-t-elle clamé. Elle n'a pas hésité à l'assimiler à “une atteinte à la souveraineté nationale”. “C'est une loi illégitime. Personne n'a le droit de jouer comme bon lui semble avec les richesses nationales. Avec une telle loi, les grandes sociétés pétrolières qui viendraient s'installer chez nous ne feront qu'une bouchée de Sonatrach”, s'est-elle élevée. Une loi qui n'est rien d'autre qu'une fleur offerte aux américains. Ce qui n'a pas empêché ces derniers, constate Louisa Hanoune, d'épingler l'Algérie sur la question du respect des libertés. “Demain, ils peuvent exiger l'installation de bases militaires au Sahara pour protéger leurs sociétés pétrolières d'éventuels attentats terroristes. C'est un engrenage. C'est un ordre sauvage qui demande toujours plus de concessions”, explique-t-elle encore. Faisant le bilan de la pétition contre la privatisation des hydrocarbures, lancée par son parti le 24 février dernier, elle a indiqué que 150 000 signatures sont recueillies. Le cap est mis sur 500 000 autres d'ici le 5 juillet où un autre meeting populaire comme celui d'hier sera organisé. En parlant du pacte social, Mme Hanoune n'a pu caché sa peur. “Le pacte social est un danger. Avec un tel pacte toute grève ou protestation est interdite. C'est la domestication du syndicat qui est visée.” Elle a aussi exprimé son regret que l'ENTV n'ait engagé aucun débat contradictoire sur la question. L'accord d'association avec l'UE, le partenariat (Ispat, Heinkel), la privatisation des entreprises publiques… ont eu leur lot de critiques acerbes. Paradoxalement, le “père spirituel” de toutes ces lois, à savoir le chef de l'Etat, est épargné par Mme Hanoune. Bien plus, elle accueille favorablement son message aux travailleurs tout en rejetant la généralisation des contrats à durée déterminée. Elle l'exhorte même à user de son pouvoir pour préserver les acquis des travailleurs. Son programme d'appui à la relance économique de 55 milliards de dollars est qualifié par Mme Hanoune de “très ambitieux”. “Nous soutenons ce genre d'initiative. À condition qu'un tel investissement public profite aux entreprises publiques. Sinon ce ne serait rien d'autre qu'un bradage”, a-t-elle indiqué. Sur le plan international, Mme Hanoune a sévèrement critiqué l'initiative américaine dénommée GMO. Même les altermondialistes n'ont pas échappé aux diatribes de Louisa Hanoune auxquels elle reproche vouloir sauver le système libéral après la faillite de la mondialisation. A. C.