L'affaire de blocage arbitraire du projet de Cevital a défrayé la chronique tout au long de l'année 2017, révélant une gestion pour le moins contestable du port de Béjaïa, sans qu'aucune intervention officielle vienne mettre un terme à un sabotage avéré. Le blocage du projet de Cevital, portant réalisation d'une unité de trituration de graines oléagineuses à Béjaïa, suite au refus obstiné de la direction du port de Béjaïa de procéder au déchargement des équipements destinés à cette nouvelle usine, aura été un des faits marquants de l'année qui s'achève. Le blocus imposé par le DG du port n'a pas manqué de susciter un vaste élan de solidarité en faveur du groupe Cevital, au sein de la société civile et de la classe politique. Ainsi, un comité citoyen, regroupant des militants associatifs, des syndicalistes, des universitaires, des élus et autres acteurs politiques, s'est constitué autour de la défense des intérêts socioéconomiques de la région de Béjaïa. Face à la mobilisation citoyenne qui a mis à nu les "dérives" du directeur général de l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), celui-ci n'a rien trouvé de mieux pour intimider les animateurs du comité de soutien aux travailleurs de Cevital, que d'intenter un procès en diffamation contre son porte-parole, Mourad Bouzidi. Flash-back sur la genèse de cette affaire aux relents politiques. Un navire de l'armateur chinois Cosco, affrété par Cevital, s'est vu refuser, fin mars, d'accoster au quai de l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB). Ce bateau, qui devait décharger les équipements industriels importés par Cevital pour sa nouvelle unité de trituration de graines oléagineuses de Béjaïa, a dû reprendre la mer. Fin avril : Ahmed Ouyahia, en campagne électorale pour les législatives du 4 mai 2017, dans la région de Béjaïa, a clairement pris la défense du groupe Cevital qu'il qualifie de "plus grand investisseur du continent". M. Ouyahia, qui était alors ministre d'Etat, directeur de cabinet de la présidence de la République, a déclaré que "la gestion de l'affaire de Cevital par le port de Béjaïa n'est pas la meilleure". Cela n'empêchera pas le DG de l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB) de recidiver moins d'un mois plus tard en empêchant de nouveau l'accostage et le déchargement d'un navire transportant des équipements industriels destinés à l'usine de trituration de graines oléagineuses de Cevital. Le Comité citoyen de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques dans la wilaya de Béjaïa voit le jour. Il se voulait une expression spontanée de la société civile, regroupant plusieurs militants associatifs, des cadres gestionnaires, syndicalistes autonomes, étudiants... Parmi ses initiateurs figure ce jeune manager, Mourad Bouzidi, un ancien militant de la démocratie et de la cause identitaire, désigné comme porte-parole du mouvement. Le Comité mènera nombre d'actions, dont des marches populaires regroupant des millions de personnes. Les blocages ne cesseront pas pour autant. Ils se répéteront au mépris de la loi, sans qu'aucune autorité réagisse. En septembre, un groupe de 24 députés a adressé une lettre au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, lui demandant d'intervenir pour débloquer le projet du groupe Cevital. Une initiative restée sans suite à ce jour. Les membres du Comité citoyen de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques dans la wilaya de Béjaïa saisissent officiellement le Premier ministre par le biais d'une lettre ouverte, lui demandant de "mettre fin au blocage des équipements de Cevital". Après avoir été reporté une première fois, le procès opposant Mourad Bouzidi au DG du port de Béjaïa a eu lieu au tribunal correctionnel de Béjaïa, en l'absence du plaignant. M. Bouzidi a assumé ses propos qui, selon lui et ses avocats, n'avaient rien de diffamatoires et n'avaient pour but que de dénoncer une gestion du port nuisible à l'intérêt public. Lors des plaidoiries, les avocats de la défense ont battu en brèche les griefs retenus contre M. Bouzidi, poursuivi pour "diffamation". À l'issue de cette audience, le président du tribunal a décidé de mettre l'affaire en délibéré. Le verdict sera connu le 2 janvier prochain. L'affaire du blocage du projet de Cevital, quant à elle, sera toujours d'actualité à l'entame de l'année 2018. Kamel Ouhnia