Mourad Bouzidi a assumé ses propos devant le juge, tandis que ses avocats ont souligné qu'il n'y avait rien de diffamatoire dans ses déclarations et que la plainte du DG du port était "une atteinte à la liberté d'expression". Le verdict dans l'affaire opposant le directeur général de l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), Djelloul Achour, au porte-parole du Comité de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques dans la région, Mourad Bouzidi, sera connu le 2 janvier prochain. C'est ce qu'a décidé le président du tribunal correctionnel de Béjaïa, à l'issue d'une audience tenue, hier matin, en l'absence du plaignant qui a, rappelons-le, intenté un procès en diffamation contre le chargé de la communication dudit Comité citoyen de Béjaïa, accusé d'avoir tenu des "propos diffamatoires" à l'encontre du DG du port de Béjaïa. Appelé à la barre dès l'ouverture du procès, M. Bouzidi a eu le courage et l'honnêteté d'assumer ses déclarations devant le juge, en affirmant ouvertement qu'il n'est pas question de renoncer à son combat pour les causes justes, encore moins de remettre en cause ses propos dénonciateurs. Imperturbable, le mis en cause persiste et signe que "M. Djelloul Achour a bel et bien mené une gestion douteuse du port, notamment dans l'affaire du blocage injustifié des équipements industriels de Cevital destinés à son usine de trituration de graines oléagineuses". Afin d'étayer ses propos, M. Bouzidi avancera comme argument les déclarations de l'ancien directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, qui s'était montré "solidaire" avec le groupe Cevital lorsqu'il affirmait, dans un discours tenu en pleine campagne électorale pour les législatives du 4 mai dernier, que "la gestion de l'affaire de Cevital par le port de Béjaïa n'est pas la meilleure façon de faire". Outre cet argument de taille, les avocats de la défense ont mis en avant, lors de leurs plaidoiries, le droit à la liberté d'expression, l'un des principes démocratiques garantis par la Constitution algérienne. "La plainte du DG de l'EPB constitue une atteinte à la liberté d'expression et à la liberté d'exercer sa citoyenneté", ont-ils estimé. Battant en brèche les griefs retenus contre leur client, les avocats de la défense ont tenu à recadrer leur confrère de la partie civile en précisant que "M. Bouzidi n'a aucunement eu l'intention de dénigrer l'institution portuaire, en sa qualité de personne morale, mais il a plutôt évoqué la responsabilité individuelle de M. Achour Djelloul, en matière de gestion des affaires du port de Béjaïa". Bien que le représentant du ministère public ait requis une peine de trois mois de prison ferme à l'encontre du mis en cause, les avocats de la défense se sont montrés "très satisfaits" et "optimistes" quant à l'issue du procès. À sa sortie du tribunal, M. Bouzidi a eu à rassurer ses amis du Comité citoyen de Béjaïa et les nombreuses personnes venues lui apporter leur soutien que le procès s'est déroulé dans des conditions "très favorables" et que le président du tribunal a finalement décidé de mettre l'affaire en délibéré, alors que le verdict sera prononcé le 2 janvier prochain. Lors de sa prise de parole en face du palais de justice de Béjaïa, le porte-parole du Comité de soutien au groupe Cevital et aux investissements économiques dans la wilaya de Béjaïa a appelé ses concitoyens à "rester très vigilants" en ces moments de "grandes manœuvres" sur fond de "guerre de clans au sommet de l'Etat". Néanmoins, le combat pacifique pour la défense des intérêts socioéconomiques de la région de Kabylie va continuer, a-t-il conclu. K. O.