Le procès en diffamation intenté par le directeur général du port de Béjaïa, Djelloul Achour, contre le porte-parole du comité de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques dans la région, Mourad Bouzidi, a été reporté, hier, par le tribunal correctionnel de Béjaïa, au 19 décembre prochain. La décision du report de cette affaire, telle que réclamée par les avocats de la défense, a été motivée par l'absence à la barre de la partie plaignante. En effet, M. Bouzidi et ses avocats ont exigé la présence devant le juge du DG de l'entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), Achour Djelloul. "On ne peut prétendre défendre son honneur par procuration !", a martelé M. Bouzidi au sortir de la salle d'audience du tribunal de Béjaïa. Entouré d'un parterre de journalistes, de militants politiques et des droits de l'Homme, Mourad Bouzidi affirme que "ce procès ne peut, en aucun cas, nous démobiliser, encore moins nous pousser à renoncer à notre combat pour défendre les intérêts de notre région. Bien au contraire, nous sommes plus que jamais déterminés et engagés à poursuivre notre lutte pacifique pour le respect du droit d'investissement, l'équité et la justice sociale". Au même moment, plusieurs citoyens, regroupés devant le portail du palais de justice, attendaient l'issue du procès, qui devait s'ouvrir à 9h. Ils sont venus participer au rassemblement de soutien au militant Mourad Bouzidi, auquel avait appelé le comité citoyen de Béjaïa. Outre les membres dudit comité, à l'instar de MM. Kaci Sayad, Djamel Boucheta et Rachid Saou, il y avait des parlementaires, dont Atmane Mazouz et Nora Ouali du RCD, Khaled Tazaghart du Front El-Moustakbel, Nordine Benmouhoub du Satef, Sofiane Adjlane du RPK, Kader Sadji du Café littéraire de Béjaïa, des élus APW et d'autres encore. Prenant la parole devant la foule, M. Bouzidi a d'abord tenu à remercier l'ensemble des présents à ce rassemblement, avant de revenir sur la genèse de cette affaire qui remonte au mois de juillet passé, lorsque le DG de l'EPB a décidé d'engager une action en justice contre le porte-parole du Comité citoyen de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investissements économiques dans la wilaya de Béjaïa. Ce dernier, faut-il le rappeler, a été poursuivi pour diffamation par Djelloul Achour qui a jugé "calomnieuses" les déclarations publiques de M. Bouzidi, faites, notamment, à l'occasion de marches populaires organisées par le comité pour protester contre le refus du DG de l'EPB de faire procéder au déchargement d'équipements industriels importés par le groupe Cevital pour son unité de trituration de graines oléagineuses. Le plaignant reproche à M. Bouzidi d'avoir tenu des propos "diffamatoires" lorsqu'il l'accusait de "s'être transformé en président de la République" et "d'avoir dépassé ses prérogatives dans le blocage du projet de Cevital". Le mis en cause a également été poursuivi pour avoir appelé à la marche du 3 juillet dernier, au chef-lieu de wilaya, qui a vu la participation de plusieurs milliers de personnes et dont le principal mot d'ordre était la dénonciation des blocages subis par le groupe Cevital au niveau du port de Béjaïa. Suite à cette plainte, Mourad Bouzidi a été convoqué par le juge d'instruction pour audition, avant d'être appelé à la barre hier. "Tout le monde aura à apprécier le contraste entre la célérité du traitement de cette action judiciaire et la lenteur dans la réponse des pouvoirs publics à nos revendications légitimes", note le Comité citoyen de Béjaïa dans une déclaration appelant au soutien de son porte-parole. Les rédacteurs du document estiment, par ailleurs, que "les motivations du DG du port et de ses mentors, à travers ce procès, sont claires", ajoutant qu'"en s'attaquant à la personne du porte-parole du comité, ils visent en réalité le bâillonnement de notre comité et de toute organisation ou association qui viendraient à militer pour la sauvegarde de nos droits économiques, la défense des libertés et des droits de l'Homme. Tous ceux qui s'opposeraient à leurs desseins inavouables sont aujourd'hui leurs cibles privilégiées". À noter que les initiateurs du rassemblement de soutien tenu hier matin, devant le palais de justice de Béjaïa, exigent "l'arrêt des poursuites judiciaires contre Mourad Bouzidi" et œuvrent à "l'instauration d'une société juste, libre et digne". Enfin, il convient de signaler que M. Bouzidi a mis à profit l'action d'hier pour lancer un appel aux citoyens de Béjaïa et de sa région, afin de prendre part massivement à la marche prévue le 11 janvier 2018 à Tizi Ouzou. Kamal Ouhnia