Réagissant aux graves incidents ayant émaillé la protestation des médecins résidents hier à Alger, les syndicats du secteur de la santé ont unanimement condamné le recours à la force contre la corporation des médecins en exprimant leur profonde inquiétude suite à "ce dérapage de la gestion des forces de l'ordre public contre une protestation pacifique". Ainsi, le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), Mohamed Yousfi, s'est dit solidaire avec les médecins résidents, en affirmant, dans un communiqué à paraître aujourd'hui, qu'"il est clair que toute grève et toute manifestation d'universitaires doivent être gérées de manière à respecter la dignité humaine des universitaires". Aussi, dit-il, "nous dénonçons l'usage de tout moyen violent et disproportionné contre les universitaires", comme cela s'est produit à l'encontre des médecins résidents, en rappelant que "cette violence on l'a déjà subie en tant que spécialistes". Selon lui, "il y a mille et un moyens de contrer une protestation, autre que l'utilisation disproportionnée et abusive de la force". De son côté, le Syndicat des praticiens de la santé publique (SNPSP) a exprimé sa "profonde inquiétude devant les dérapages graves de la gestion des forces de l'ordre public lors de la protestation pacifique des médecins résidents", d'hier, et a dénoncé "la violente répression dont ont été victimes des dizaines de confrères et de consœurs venus de plusieurs wilayas du pays réclamer une prise en charge et des solutions à des revendications socioprofessionnelles justes et légitimes". Dans le communiqué signé par son président, Lyès Merabet, le SNPSP relève, encore une fois, que "les pouvoirs publics font dans l'entretien des conflits et de la répression violente de toute action de protestation au lieu de privilégier la voie du dialogue et de la négociation, qui reste et restera le seul et unique moyen de sortie de crise". Le Snpsp considère, en outre, que "le sang qui a coulé aujourd'hui et entaché les blouses blanches est celui de tous les médecins d'Algérie. Une image honteuse de trop... Un dépassement intolérable et non justifié qui interpelle à la réflexion l'ensemble des représentations de la corporation médicale de carrière hospitalo-universitaire ou de santé publique que le Snpsp a invité à l'union et au rassemblement". Enfin, le SNPSP a réitéré son appel à l'intervention des plus hautes autorités du pays pour que soit rétabli le dialogue pour des négociations responsables avec les représentants légitimes des médecins résidents, loin de la surenchère, dans le calme et la retenue. Dans ce contexte, le ministère de la Santé a, pour sa part, rappelé avoir reçu les médecins résidents et que des propositions leur ont été faites pour la prise en charge des revendications soulevées. Il assure que les portes du dialogue sont toujours ouvertes. Après avoir cité les points ayant fait l'objet d'accord avec les médecins résidents, notamment le bénéfice des œuvres sociales et l'amélioration du volet pédagogique, le conseiller du ministre et chargé de communication, Slim Belkessam, a indiqué qu'"il n'est pas dans les usages administratifs d'une institution officielle de signer un PV avec une entité qui n'a aucune existence légale", mais que l'information de l'APS a été diffusée pour un large public. Estimant que "poser des conditions rédhibitoires n'est pas de nature à favoriser le dialogue", notre interlocuteur a appelé les protestataires au "calme" et à "la retenue". Il a assuré que malgré les déclarations des médecins résidents, les portes du dialogue sont toujours ouvertes. A. R. [email protected]