"Nous interpellons le chef du gouvernement pour donner carte blanche à son ministre, si on veut vraiment en finir avec cette crise", martèlent les représentants des protestataires. Le bras de fer opposant les médecins résidents au ministère de la Santé risque de perdurer. Les deux parties en conflit campent sur leurs positions. À en croire le Dr Mohamed Taïleb, membre du bureau national du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), la détermination des 15 000 spécialistes en formation est inébranlable quant à la poursuite du mouvement de grève jusqu'à la satisfaction totale de leurs revendications socioprofessionnelles. Par la même occasion, notre interlocuteur a tenu à infirmer l'information répercutée par certains médias lourds quant à la tenue, hier, dimanche, des assemblées générales dans les grandes villes du pays pour décider de la suspension du mouvement de grève. "Nous tenons à rassurer nos confrères qu'il n'a jamais été question de suspendre le mouvement de grève. C'est de l'intox et de la manipulation. Des assemblées ont été organisées, hier, dimanche, à Blida et à Oran, mais ce sont des rencontres de routine que nous organisons, chaque semaine, pour garder le contact avec nos colnfrères et maintenir la mobilisation des résidents jusqu'à l'aboutissement de nos revendications. Il n'est pas question de trahir nos confrères qui ont carrément boycotté les examens de DEMS. La grève est maintenue et illimitée. Nous sommes une génération immunisée et vaccinée. Le combat continue", précisera le représentant du Camra. Pour lui, le troisième round du dialogue tenu avant-hier entre le ministre de la Santé et les délégués du Camra est marqué par l'annonce de nouvelles promesses de la part du professeur Mokhtar Hasbellaoui. "Lors de la réunion de samedi, le ministre a affiché une bonne volonté d'aller de l'avant et de résoudre définitivement la crise, mais il n'a pas les coudées franches. Nous interpellons, à cet effet, le chef du gouvernement pour donner carte blanche à son ministre, si nous voulons vraiment en finir avec cette crise", soutiendra, sans ambages, le Dr Mohamed Taïleb, résident en pneumologie à l'hôpital Mustapha-Pacha. Pour le Camra, une volonté sans moyen ne suffit pas à mettre fin à un conflit qui perdure depuis le 14 novembre dernier. Les promesses de Hasbellaoui restent, dit-on, des professions de foi. "S'agissant des demandes concernant son département ministériel, entre autres, l'amélioration des conditions de travail et d'affectation des spécialistes dans les régions du Sud et des Hauts-Plateaux ou encore la création de pôle hospitalier dans chaque chef-lieu de wilaya, le ministre a donné juste un accord verbal, il n'y a rien eu de concret. Pour le moment ce sont juste des promesses. Si nous voulons résoudre les problèmes de la corporation, l'Etat doit investir dans ce sens." Concernant les dossiers qui constituent les points de discorde avec la tutelle, le Dr Taïleb n'a pas mâché ses mots quand il a abordé la question du Service national. "Il est inadmissible d'exclure une partie des Algériens du droit à la dispense pour ceux qui sont âgés de plus de 30 ans. Nous sommes exclus de cette mesure parce que nous sommes des médecins. C'est de la hogra. Pis encore, c'est une mesure de vengeance. On est en train de pousser les médecins à l'insoumission forcée." L'autre question de désaccord avec le ministère est liée à la formule du service civil. Le délégué du Collectif autonome des médecins résidents algériens rappellera que les résidents ne se battent pas aujourd'hui pour leurs propres intérêts immédiats. Mais, ils militent, disent-ils, pour changer l'ordre des choses même pour les générations futures. "Nous n'avons jamais demandé la suppression du service civil. Nous avons réclamé son réaménagement. Puisque la formule actuelle a été un échec sur toute la ligne, pourquoi persister dans l'échec ? Nos aînés avaient été affectés dans des régions, sans même avoir obtenu un logement d'astreinte. Ils ont été victimes des abus de pouvoir administratif local." Le représentant du Collectif autonome des médecins résidents algériens rappellera, enfin, que la proposition de mise en place de commissions pour étudier les revendications est inacceptable. "Nous ne voulons pas revivre ce qui s'est passé en 2011. Quand on veut signer la mort d'un mouvement, on vous annonce la mise en place de commissions. Il n'est pas question de revivre cet épisode. Nous continuerons le combat." Hanafi H.