Le SG du RND, Ahmed Ouyahia, a profité de la tenue du conseil national de son parti, ce jeudi et vendredi, à Zéralda, à Alger, pour défaire le piège tendu par le FLN. Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, adopte une stratégie qui ne manquera pas de dérouter son rival et détracteur, le Front de libération nationale (FLN) : retourner contre l'ex-parti unique sa propre arme. Jeudi, à l'ouverture du conseil national du parti, tenu à Zéralda, Ahmed Ouyahia a commencé par souligner combien son parti est "fier" de soutenir de manière "constante" et "inconditionnelle" le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Il donnera ensuite lecture à son discours écrit, dont la première partie a été dédiée quasi exclusivement à l'éloge au locataire d'El-Mouradia. Le SG du RND a dû citer et insister une dizaine de fois sur les vocables "Excellence", "frère" et "moudjahid" Abdelaziz Bouteflika. En abordant les volets politique, économique et social du pays, Ahmed Ouyahia attribue les "succès" à l'autorité et au seul mérite du Président. Ahmed Ouyahia ne s'est pas limité à lire sa copie. Il s'est laissé aller à des digressions. Surtout lorsqu'il s'est agi de régler ses comptes avec le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes : "Nous sommes sortis la tête haute des récentes échéances électorales, même si nous avons connu des contraintes et des adversités de la part de certaines parties que nous soutenons depuis maintenant vingt ans. Oui, mesdames et messieurs, les élections législatives de 2017 ont été pour nous une belle victoire, puisque, par rapport aux législatives de 2012, nous avons doublé le nombre de voix recueillies et nous avons quasiment doublé aussi le nombre de députés obtenus. Aux élections locales de novembre 2017, le RND a confirmé ses avancées par rapport à 2012 ; un triplement des APC majoritaires à la sortie des urnes passées de 132 à 451. Cela signifie que nous sommes devenus une famille politique puissante, avec laquelle il faut compter. Et cela nous suffit. Nous en sommes fiers..." Ahmed Ouyahia enchaîne, mais cette fois sans prendre de gants, pour défier et ensuite accuser son frère ennemi le FLN. "Celui qui veut peser de son poids politique, c'est auprès du peuple qu'il saura réellement ce qu'il vaut. Et le peuple a donné au RND 2 100 000 voix aux dernières élections locales. Nous avons triplé nos listes majoritaires aux APW à la sortie des urnes, passées de 5 à 16, mais ils nous ont joué un tour et le nombre de sièges a été revu à la baisse", a-t-il indiqué. "Bouteflika appartient à tous les Algériens" À l'entame des travaux du CN, Ahmed Ouyahia avait l'air un peu tendu, il paraissait profondément préoccupé. À peine s'il a réagi aux acclamations des cadres du parti. Les attaques répétées contre sa personne, ces derniers temps, notamment par le FLN, l'avaient visiblement atteint dans son être. Ce n'est qu'au fil du discours qu'il trouvera son ton serein et habituel : "Le RND vient d'être définitivement lavé des fausses accusations de fraude que certains ont voulu lui imputer il y a vingt ans de cela." C'est alors que les membres du conseil national se mettent tous debout pour applaudir. Leur secrétaire général saisit l'occasion pour lancer un autre message : "Je sais que vous êtes venus avec le cœur gros, mais nos principes nous placent très haut, de manière à passer l'intérêt de l'Algérie avant toute chose." Hier, vendredi, deuxième jour du conseil national du Rassemblement, Ahmed Ouyahia saisira l'occasion que lui offrait le discours de clôture de la session, pour d'abord renouveler "le soutien indéfectible et continu au moudjahid Abdelaziz Bouteflika". Y compris lors des échéances futures, a-t-il laissé entendre. Aussitôt après, il ne manquera pas de revenir à la charge pour répliquer à son adversaire du moment, Djamel Ould Abbes. "Le RND ne s'approprie pas ce qui est censé être la propriété de tous les Algériens. Oui, Abdelaziz Bouteflika appartient à tous les Algériens", a-t-il lâché. Pour conclure, Ahmed Ouyahia a tenu à rappeler que le RND était "un parti de conviction" et qui "ne change pas au gré des circonstances". Sans doute faisait-il allusion au rapprochement qu'avait eu le FLN avec le parti terroriste dissous, le FIS, au lendemain des législatives de 1991. Mehdi Mehenni