Les portes d'Alger restaient, hier encore, sous haute surveillance. La ville demeurait difficilement accessible, alors que des barrages ont été dressés aussi dans les wilayas limitrophes. Hier, à Bouira, pour la deuxième journée consécutive, un dispositif sécuritaire des plus impressionnants était mis en place au niveau de la région est de la ville, ainsi qu'à l'entrée de Lakhdaria (ouest). Selon des sources sécuritaires requérant l'anonymat, des instructions émanant de "hauts lieux", ont été données pour "étouffer" à Bouira ce mouvement de contestation. Cette wilaya, précisent nos sources, est considérée, à juste titre, comme la banlieue d'Alger, ce qui fait que si les ex-militaires venaient à franchir cette wilaya, la "citadelle" d'Alger, serait prenable. De ce fait, les pouvoirs publics ont concentré leurs efforts à Bouira, donnant à cette dernière des aspects de "Rubicon". Ainsi, tout au long de l'autoroute Est-Ouest, notamment le tronçon Bouira-Lakhdaria, des barrages filtrants de la Gendarmerie nationale ont été disposés et les bus et véhicules immatriculés à l'est du pays, étaient systématiquement arrêtés et contrôlés. Ces "checkpoints" ralentissaient considérablement la circulation automobile, notamment au niveau de la descente de Djebahia. Certains automobilistes, pour échapper aux embouteillages monstres dus à ce déploiement sécuritaire, se sont résignés à emprunter l'ancienne route via la RN5. Mais c'était peine perdue. Là encore, les gendarmes avaient pris les devants, en installant des barrages filtrants à la sortie de la commune d'Aomar, ainsi qu'à l'intersection de la localité de Zeboudja. Dans la commune de Lakhdaria et plus précisément à l'entrée nord de la ville, les services de sécurité étaient sur le qui-vive dès les premières lueurs du jour. Même scenario pour la wilaya de Blida qui reste depuis samedi dernier sous la surveillance d'un dispositif sécuritaire important. Toutes les entrées et sorties ont été mises sous le contrôle des policiers et des gendarmes. Les gares routières et de chemin de fer ont été également investie par les services de sécurité qui opèrent des contrôles d'identité des personnes soupçonnées d'être d'anciens militaires. À Boumerdès, le dispositif mis en place pour filtrer l'entrée vers la capitale et empêcher les militaires à la retraite de prendre part à la manifestation qui devait avoir lieu à Alger, était toujours en place hier, après la situation chaotique vécue samedi aux portes est d'Alger par des milliers d'automobilistes. À Boudouaou, au niveau du barrage fixe, le nombre de véhicules de gendarmerie donnaient un aperçu sur le nombre d'éléments en alerte, les anciens militaires ayant décidé de maintenir leur mouvement. L'on apprend ainsi qu'une ambulance transportant un malade a mis deux heures pour rallier l'hôpital Mustapha d'Alger. Des chauffeurs de taxi de Boumerdès ont d'ailleurs refusé des courses vers la capitale. "Je préfère me déplacer vers Tizi Ouzou ou Bordj Bou-Arréridj que vers Alger, pour éviter de consommer plus de carburant et subir plus de stress'', justifie l'un d'eux. Même des étudiants inscrits à Bab Ezzouar ont séché leurs cours hier de peur de revivre le cauchemar de la veille. RAMDANE BOURAHLA/K.FAWZI /Wahab M.