L'absence de perspectives d'emploi et d'accès à des services publics abordables et de qualité alimente une grande frustration dans les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, relève le Fonds monétaire international (FMI) dans une note de présentation générale de la conférence sur "Les opportunités pour tous : croissance, emplois et inclusion dans le monde arabe" qui se tient aujourd'hui et demain, à Marrakech (Maroc), en présence de la directrice générale du FMI. La note de présentation, intitulée "Vers une croissance plus soutenue et inclusive au Moyen-Orient et en Afrique du Nord", récapitule la situation de la région au regard des indicateurs de croissance inclusive, les réformes en cours et les mesures qui restent nécessaires pour assurer l'égalité des chances. Dans un article publié le 18 janvier dernier, Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, souligne que "la montée des tensions sociales et des manifestations dans plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord montrent clairement que le désir de prospérité, d'équité et d'avenir des habitants de la région reste insatisfait". Selon M. Jihad Azour, "depuis des décennies, de nombreux pays souffrent d'un modèle d'assistanat où le secteur public pourvoit à un cinquième des emplois". Les choses ont encore empiré ces dernières années, a indiqué le responsable, en raison d'une série de chocs : des conflits interminables, des attentats terroristes, la chute des cours des produits de base et le repli de la croissance des principaux partenaires commerciaux. "La faiblesse persistante de la productivité et l'omniprésence de la corruption entravent également les performances économiques de la région", a ajouté M. Azour. La note du FMI constate que la croissance n'a pas profité à tous et les inégalités d'opportunités, d'accès aux services publics et à l'emploi sont préoccupantes. "Les citoyens de la région s'inquiètent du fait que les opportunités et l'accès aux services publics ne sont pas les mêmes pour tous", note le FMI. D'après l'enquête "Arab Barometer", effectuée pour la période 2012-2014 dans 12 pays dont l'Algérie, 70% des citoyens estiment que "les efforts gouvernementaux pour réduire l'écart entre les riches et les pauvres sont peu, voire très peu efficaces" et ils sont 60% à considérer que l'amélioration des services essentiels de santé est insuffisante. Trois personnes sur cinq pensent aussi qu'avoir des relations est déterminant pour trouver un emploi. Selon le FMI, la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord affiche des taux d'emploi parmi les plus faibles au monde. Un large éventail de réformes est nécessaire pour promouvoir une croissance inclusive, estime le FMI. Le document "Enabling inclusion in Mena" plaide en faveur d'interventions pour traiter les problèmes de corruption et d'exclusion financière et les obstacles auxquels se heurtent les jeunes, les femmes, les collectivités rurales et les réfugiés. La conférence de Marrakech portera sur les moyens de s'attaquer aux problèmes prioritaires qui ont été identifiés, de gérer l'économie politique des réformes et d'intensifier leur mise en œuvre pour promouvoir les stratégies nationales en faveur d'une croissance inclusive. Meziane Rabhi