La convoitise du précieux corail étant trop forte, les pilleurs sont de retour. Un navire de pêche tunisien a été intercepté par les garde-côtes, à 6 miles au nord de cap Roux, vendredi dernier, dans les eaux territoriales algériennes, au moment où son équipage, composé de deux Tunisiens (dont l'un est un récidiviste déjà arrêté en 1997), s'apprêtait à pêcher le corail, dont la pêche est strictement interdite, selon la loi de 1998. Le même jour, dans l'après-midi, c'est au tour d'un “petit métier” algérien, le Antar II 128, de se faire arraisonner pour le même motif, à 9 miles au nord d'El Kala. Les cinq personnes qui se trouvaient à son bord ont été arrêtées et une petite quantité de corail retrouvée sur le pont par les garde-côtes. Les trafiquants ont, selon toute vraisemblance, réussi à se débarrasser du produit de leur pêche en le jetant à l'eau à la vue de la vedette de la police des mers. Ce n'est pas la première fois que les Tunisiens pénètrent dans les eaux territoriales d'El Kala pour pêcher le corail. Le 23 mars dernier, cinq Tunisiens ont été arrêtés au large d'El Kala, pour les mêmes raisons, et traduits devant la justice. Pour les garde-côtes, la tâche est ardue, d'autant plus que la zone à surveiller s'étend sur plus de 1 000 km2, avec 300 navires de pêche et 1 600 marins, dont la plupart sont de potentiels trafiquants de corail. Bien que la zone eut été complètement nettoyée, depuis une année, de tous les balisages (bouées localisées par GPS), mis par les pêcheurs de corail pour localiser leurs croix de St-André et leurs filets de corail jetés à la mer pour échapper aux contrôles, la convoitise du précieux corail est trop forte et les pilleurs sont de retour. Selon le commandant Belouaâr Tewfik, chef de la circonscription maritime de Annaba, “les trafiquants sont de plus en plus acharnés à enfreindre la loi et sont de mieux en mieux organisés, utilisant du matériel sophistiqué. Nous retrouvons de façon permanente le matériel qui sert à fracasser les bancs de coraux et les filets. Il est certain que le cours du corail au niveau mondial est en hausse, ce qui explique cet engouement. Nous avons affaire à de véritables bandes organisées qui traitent avec l'étranger (Tunisiens, Italiens, Espagnols, etc.), et il est sûr que le corail, dont l'utilisation se résume à la fabrication de bijoux, chez nous, doit servir ailleurs à des desseins plus importants, comme en médecine par exemple”. H. M.