Le ministère de la Défense nationale (MDN) accuse des "individus" de vouloir "semer le doute" et "induire en erreur l'opinion publique". La persévérance des retraités et des radiés de l'Armée dans leur mouvement de protestation a fini par faire réagir le ministère de la Défense nationale. Plutôt de manière poignante. Dans un communiqué publié hier sur son site, le MDN dénonce "des agissements (qui) ont été enregistrés, récemment, de la part d'individus s'autoproclamant des différentes catégories de retraités de l'Armée nationale populaire ayant emprunté des voies illégales pour exprimer leurs revendications, et ce, avec l'intention de semer le doute et d'induire en erreur l'opinion publique en se présentant comme étant des victimes aux droits sociaux et matériels bafoués, et ayant eu recours à la rue pour imposer leur logique". Le ministère de la Défense nationale laisse ensuite clairement entendre qu'il n'est pas prêt à discuter avec son personnel à la retraite avant que celui-ci ne rentre chez-lui, et ne passe par le représentant social officiel et reconnu. Il les appelle, en effet, "à éviter les différentes voies d'expression anarchique et d'adopter le canal officiel représenté par l'Association des retraités de l'Armée nationale populaire en tant que structure unique habilitée à porter leurs revendications auprès des services compétents du ministère de la Défense nationale". Quant au personnel radié, le MDN considère la question définitivement tranchée et ferme toute porte au dialogue. Le propos du rédacteur du communiqué ne souffre d'ailleurs aucune ambiguïté lorsqu'il évoque "l'infiltration d'individus n'ayant aucun lien avec ce dossier et voulant introduire leurs revendications parmi celles des catégories concernées alors qu'elles s'inscrivent dans la catégorie des radiés des rangs de l'Armée nationale populaire pour des raisons disciplinaires et judiciaires qui ont fait l'objet de jugements prononcés à leur encontre à titre définitif". Il ajoute à ce propos que "le Haut commandement de l'Armée nationale populaire a donné, depuis 2013, des instructions, à ses services spécialisés à travers les différentes Régions militaires, où il a été procédé à l'engagement des mesures et des procédures nécessaires en vue de l'étude de l'ensemble des dossiers émanant des différentes catégories de retraités de l'Armée nationale populaire". Cela avant de rappeler que "ses services et bureaux spécialisés demeurent mobilisés pour la réception des différents dossiers émanant des retraités de l'Armée nationale populaire dans leurs différentes catégories, et ce, conformément aux règlements et lois en vigueur, en vue d'une meilleure prise en charge sociale et médicale". Des "plumes" malintentionnées ? Dans son communiqué, le ministère de la Défense nationale a, d'emblée, manifesté sa volonté d'apporter des "éclaircissements". Sauf qu'on note ce passage plutôt intrigant où il évoque "l'apparition de plumes s'autoproclamant défenseurs des préoccupations des éléments de l'Armée nationale populaire avec l'intention de manipuler ce dossier à des fins personnelles". Le reproche n'est pas des moindres. Parce qu'il s'agit là d'accuser des parties, sans les nommer, de vouloir manipuler un personnel appartenant à un corps très sensible. Et il est clair que le reproche ne vise pas la presse. En attendant de savoir qui le MDN soupçonne de vouloir "manipuler" son personnel "retraité" et "radié", il y a lieu de relever que le rédacteur du communiqué n'a pas du tout lésiné sur les mots. Les jours à venir nous renseigneront sur l'effet de cette sortie sur les protestataires concernés. Mehdi Mehenni