Les statistiques font état de 50 000 nouveaux cas de cancer enregistrés cette année. Le cancer du sein arrive en tête avec quelque 12 000 cas. À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer coïncidant avec le 4 févier, le Pr Kamel Bouzid, chef du service oncologie du CPMC et président du Groupe d'oncologie médicale auprès du Plan national cancer, (PNC 2015-2019, coordonné par le Pr Messaoud Zitouni), (GOM-PNC), plaide pour le "redéploiement" des unités d'oncologie éparpillées à travers plusieurs wilayas en services d'oncologie dignes de ce nom. Son souhait partagé par l'ensemble de ses confrères est, en effet, de "bannir définitivement ces unités", jugées "inefficaces" et de les remplacer par "au moins un service d'oncologie par wilaya". Contacté par téléphone, le Pr Bouzid qui a pris part à une réunion du GOM-PNC, organisée, hier, à Jijel, a expliqué que ces unités d'oncologie budgétivores, au nombre de 77 à travers le territoire national, "coûtent, énormément, à l'Etat sans régler pour autant le problème de la prise en charge des patients obligés de s'orienter vers les services d'oncologie". Le nombre de ces derniers, indique-t-il, est de 40 au niveau national. Ce qui provoque la surcharge de ces services et, par ricochet, des désagréments aux patients atteints de cancer. "Le maintien des unités d'oncologie où sont affectés des médecins pour ne rien faire et où on investit dans du matériel et des médicaments qui ne sont pas utilisés", a regretté le professeur qui préconise ainsi leur remplacement par des services permettant, par là même, "l'optimisation et la rentabilisation de ces moyens humains et matériels inutilement investis dans les unités d'oncologie". Pour le professeur, les services d'oncologie où seront affectés entre 6 et 10 oncologues, selon le nombre de la population de chaque région, permettront le désengorgement des services de référence, dont le CPMC ou encore les CAC des grandes villes. Le transport des malades vers ces services, plaide encore le professeur, doit incomber aux directions de la santé et de la population (DSP) des wilayas. L'autre problème dénoncé par le Pr Bouzid est relatif aux centres de dépistage du cancer du sein mis en place, depuis quelques années, par la Caisse nationale des assurances (Cnas), lesquels, selon lui, n'ont donné aucun résultat. "Les centres de dépistage de la Cnas ne répondent à aucune norme en la matière", a-t-il fulminé, soulignant que plus de 80% des personnes atteintes de cancers dépistés dans ces centres arrivent à des stades très avancés (stades 3 et 4). Ce qui remet en cause le principe même du dépistage précoce. Pour rentabiliser ces centres et les rendre efficaces, le professeur suggère aux responsables de la Cnas en charge de ces établissements de collaborer avec le ministère de la Santé et les professionnels. "Nous sommes dans un même pays, je ne vois pas pourquoi la Cnas mènerait, en solo, une opération aussi complexe que le dépistage du cancer du sein. La logique voudrait qu'elle collabore au moins avec le ministère de la Santé", a-t-il dit. Le professeur ne voit pas, tout de même, que du noir dans le secteur de la santé pour relever que "des améliorations sensibles" sont à signaler pour ce qui est de la prise en charge des cancéreux ces dernières années. Il cite notamment la réalisation de 36 Centres anti-cancer (CAC) réalisés dans différentes régions du pays, alors que 4 autres sont attendus pour la fin 2018. Ce qui, espère-t-il, devra mettre fin, entre autres, au problème de la radiothérapie qui se posait dans notre pays. Le Pr Bouzid met en avant, par ailleurs, la réussite du réseau national des registres du cancer, mis en place dans le cadre du PNC. Ce qui a permis, indique-t-il, l'établissement de statistiques fiables. Ces dernières font état de 50 000 nouveaux cas de cancer enregistrés cette année. Le cancer du sein qui arrive en tête avec quelque 12 000 cas, est suivi du cancer colorectal, (chez les hommes et les femmes), avec 6 500 cas et du cancer du poumon avec 6 000 cas. Le Pr Bouzid salue, enfin l'enregistrement récent (le 7 janvier dernier) des médicaments innovants. Une cause qu'il a défendue durant plusieurs années. Farid Abdeladim