La traduction du député d'Annaba, Baha-Eddine Tliba, devant une commission de discipline sonne comme le prélude à une vaste campagne d'épuration dans les rangs du FLN. C'est un Djamel Ould Abbes particulièrement agressif qui animait, hier, une conférence de presse, au siège du Front de libération nationale, à Hydra, à Alger. Le secrétaire général du FLN qui a procédé à l'installation de la commission de discipline du parti, composée de 21 membres, conformément aux statuts du parti, et présidée par Amar Ouazani, a pris le soin de faire venir dans la salle deux ex-ministres cités dans l'initiative de la coordination nationale pour le cinquième mandat de Bouteflika, lancée par le député d'Annaba, Baha-Eddine Tliba. La présence d'Abdelkader Ouali et de Mustapha Kamel Rahiel dans la salle visait, en effet, à rendre caduque la sortie publique de l'ex vice-président de l'APN. C'est d'ailleurs en les prenant à témoin que Djamel Ould Abbes affirmera que l'ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a réfuté tout lien avec cette initiative. La présence de son ex-chef de cabinet, Kamel Mustapha Rahiel, en était un gage de certification. Le SG du FLN citera d'autres noms, entres autres Abdelaziz Belkhadem, Abdelouahab Nouri, Tahar Khaoua, Hamid Grine, Saïd Bouhadja et Djamel Bouras, qui ont tous nié leur adhésion à cette précampagne-bis pour le cinquième mandat. Reste l'ex-secrétaire général du parti, Amar Saâdani, qui ne s'est pas démarqué de cette initiative. À son sujet, Djamel Ould Abbes a évité de faire de commentaire, préférant ne tenir compte que de ceux qui s'en sont lavé les mains. Pour les autres, il promet une expédition punitive. Il le dit ouvertement d'ailleurs : "L'enquête ne s'arrêtera pas au seul cas de Baha-Eddine Tliba." Djamel Ould Abbes, qui en voudrait surtout aux parrains du député d'Annaba, a accusé un courant du parti de "vouloir rééditer le scénario de 2004". Le FLN vit, en effet, toujours comme un traumatisme la "fracture" qu'avait causée l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, et néanmoins SG du parti à l'époque, en se portant candidat contre Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle de 2004. Et en invoquant le "malheureux" souvenir de cet épisode, Djamel Ould Abbes a laissé clairement entendre que les marionnettistes qui "agitent" Tliba veulent servir des ambitions présidentielles autres que le cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika. Néanmoins, le SG du FLN refuse de livrer des noms et promet des révélations pour plus tard. "Laissez le temps faire les choses. Nous avons diligenté une enquête. La commission de discipline devra traiter de cinq cas, dont celui de Tliba. Et nous allons remonter jusqu'aux instigateurs...", a-t-il soutenu. Visiblement, Djamel Ould Abbes connaît très bien qui sont les vrais architectes de l'initiative du député d'Annaba. Mais il ne veut pas agir avant de réunir des preuves. Des sources proches de la direction du parti affirment que Djamel Ould Abbes n'attendra pas la prochaine session du comité central pour sévir. Djamel Ould Abbes, qui veut cette réunion "ordinaire", compte faire tomber des têtes avant ce rendez-vous. Le cas de Baha-Eddine Tliba serait ainsi le prélude à une vaste campagne d'épuration dans les rangs du parti. Nos sources confient que la commission de discipline tiendra sa première réunion, ce jeudi, pour adopter son règlement intérieur. Les convocations seront adressées aux concernés à partir de dimanche prochain. Mehdi Mehenni