Le secrétaire général du Front de libération nationale, Djamel Ould-Abbès, réagit avec une extraordinaire célérité à l'«initiative» du député de Annaba, Baha Eddine Tliba, qui annonçait la constitution «d'une coordination nationale de soutien au 5e mandat de Abdelaziz Bouteflika». Sans état d'âme, Ould-Abbès enclenche les représailles et défère, sans délai, Tliba devant la commission de discipline. Ce dernier sera exclu, à coup sûr, des rangs du parti. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - La mesure devrait être annoncée dès aujourd'hui, mercredi. En tout cas, la commission de discipline du parti a été installée officiellement hier par le secrétaire général, au siège du parti à Hydra. C'était l'occasion pour lui de s'exprimer sur cette affaire qui n'est, apprenons-nous de source sûre, que la partie visible de l'iceberg. Ould-Abbès le laissera d'ailleurs entendre lors de son allocution prononcée à l'occasion. «Cette prétendue coordination n'est que du vent ! Tous les gens cités comme faisant partie de cette coordination ont personnellement et respectivement démenti. Belkhadem a démenti à travers la presse. Sellal aussi. Bouhadja a démenti. Les anciens ministres que sont Mustapha Rahiel, Abdelkader Ouali, Abdelouahab Nouri, Hamid Grine, Tahar Khaoua ont tous démenti. Bien d'autres membres du Comité central ont fait de même», annoncera d'emblée le SG du FLN. A rappeler que Tliba annonçait tout ce beau monde comme membres de sa «coordination» et qu'il prendra, de surcroît, au nom du parti. C'est ce qui occasionnera d'ailleurs sa mort politique ! Le parti étant, comme tenait à le rappeler Ould-Abbès, présidé par Abdelaziz Bouteflika en personne, il était clair que ce dernier ne pouvait rester indifférent à cette affaire-là. «J'ai déjà eu à avertir personnellement cette personne (Tliba, ndlr), il y a une semaine de cela. La décision concernant le 5e mandat revient au seul Président. Il est le président du parti. Un président effectif et non pas un président d'honneur, comme le pensent encore certains.» Très proche de Abdelaziz Bouteflika, le secrétaire général du FLN sait de quoi il parle lorsqu'il ajoutera également : «J'ai déjà eu à donner, et de manière officielle, instruction à l'ensemble des responsables et militants du parti interdisant clairement à tous de parler de cinquième mandat. La décision revient exclusivement, sur ce point, au premier concerné, le Président lui-même.» Tliba sera donc exclu du parti. Mais cela n'est qu'un détail. «Nous avons mené une enquête. Il y a des arrière-pensées derrière cette initiative», révélera encore Ould-Abbès. Il lâchera une lourde insinuation lorsqu'il ajoutera ceci : «Il n'y aura plus jamais un autre scénario comme celui de 2004 au FLN. Il n'y aura plus de congrès-surprise organisé dans la cour du siège du parti. A l'époque, nous manquions encore d'expérience mais, là, aujourd'hui, le FLN est plus fort que jamais (...) C'est le FLN qui constitue le premier bouclier pour protéger la personne du Président.» Il enfoncera le clou davantage quand il soutiendra que «ces gesticulations de ces derniers jours ne peuvent nullement porter atteinte à l'unité et à la cohésion du parti». Pour compléter le puzzle, cette autre précision : «La prochaine session du Comité central sera tout à fait ordinaire, et, désormais, nous frapperons d'une main lourde quiconque qui serait tenté d'agir contre le parti. Celui qui bougera aura affaire à la commission de discipline.» Aisément, l'on peut déduire que, dans toute cette affaire, Tliba n'aura été que le cheval de Troie, ce que Ould-Abbès insinuera à demi-mot. En réalité, c'est l'ancien secrétaire général et ancien président de l'APN, Ammar Saâdani, qui est soupçonné d'être derrière. Ce dernier, pratiquement d'ailleurs le seul qui n'avait pas jugé utile de démentir son soutien à l'initiative de Tliba qui est très proche de lui, tente, selon des sources sûres, de se replacer dans la perspective du rendez-vous présidentiel. Non pas comme candidat, bien sûr, mais comme «monture». Ses tentatives sont «signalées» tant du côté du FLN que de la centrale syndicale. Or, le sort réservé à Tliba et la rapidité de son «exécution» donnent déjà un aperçu sur l'issue que connaîtra toute cette affaire.