C'est avec dédain et sur un ton exprimant toute la répugnance qu'il éprouve, décidément, à l'égard de l'ex-vice-président de l'APN, Baha-Eddine Tliba, que le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Djamel Ould Abbes, a répondu aux sollicitations de la presse, ce mercredi, à Alger. La séquence vidéo, diffusée par la chaîne TV privée El Bilad, en marge de la rencontre qui a regroupé le FLN, la Centrale syndicale (UGTA), le Forum des chefs d'entreprise (FCE), et la Coordination algérienne du patronat (CAP), relève de l'invraisemblable. Sur la question d'une journaliste qui évoquait les récentes déclarations du député FLN d'Annaba, qui annonçait, fin décembre de l'année écoulée, la création d'une coordination nationale pour le 5e mandat, Djamel Ould Abbes s'est permis un parallèle pour le moins surprenant : "Pourquoi ne pas parler de nos footballeurs internationaux qui jouent à Leicester, à l'exemple de Slimani et de Mahrez ? Eux, au moins, ils ont l'avantage d'être grands, minces et beaux..." Nul besoin, en effet, d'expliquer à quoi faisait allusion le SG de l'ex-parti unique. Même la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, et l'ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, au plus fort de leur conflit avec Amar Saâdani, et par ricochet Baha-Eddine Tliba, dans le cadre de l'initiative des "19", n'ont pas usé de propos aussi amers et rabaissants. Et ce n'est certainement pas pour rien si Djamel Ould Abbes parlait avec un tel dégoût de son propre parlementaire, se refusant même d'évoquer son nom. C'est dire à quel point la sortie médiatique de Baha-Eddine Tliba a fâché au sommet de la hiérarchie. À quel point également la question de la réélection d'Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat reste sensible, souvent d'ailleurs évoquée avec précaution et réserve par ses propres promoteurs et partisans. La raison principale étant l'état de santé improbable du Président, seul véritable obstacle pouvant se dresser devant l'option du cinquième mandat, l'entourage présidentiel a préféré, jusque-là, ne pas trop s'avancer sur la question. Prudence et calculs politiques obligent, Djamel Ould Abbes est allé, dans un passé récent, jusqu'à interdire aux cadres et militants de son parti de parler du cinquième mandat. Parce que, s'il y a lieu de rééditer le scénario de 2014, ce doit être de manière ordonnée et coordonnée, ne laissant rien au hasard. C'est sans doute pour cette raison que Me Farouk Ksentini faisait l'objet d'un cinglant démenti de la part de la présidence de la République, en novembre 2017, alors qu'il trahissait un secret jusque-là bien gardé. Et ce n'est pas pour rien si Djamel Ould Abbes réagissait, à son tour, quelques jours plus tard, dans un entretien télévisé, et aux confidences faites par Me Farouk Ksentini à la presse, et à l'annonce faite par l'Organisation nationale des zaouïas (Onza), concernant le projet de création d'un pôle national de soutien au président Abdelaziz Bouteflika. "C'est nous, le FLN, qui sommes les plus proches du Président. Le jour où il décidera de se présenter pour un cinquième mandat, c'est à nous qu'il le dira", a-t-il présumé. Mais quand le secret est trahi de l'intérieur de la "maison", il ne restait comme réponse à Ould Abbes que le dédain. Démentir, ce serait, pour le SG du Fln, se faire violence. Mehdi Mehenni