Je surfe tous les jours sur les réseaux sociaux. Ce que je vois et lit me donne le tournis parfois, la berlue d'autres fois. Des fois j'ai du mal à y croire à cause du silence qui règne autour de moi. D'autres, j'ai du mal à croire que ce qui se passe autour de moi n'est pas sur les réseaux sociaux. Je ne sais pas ce qui est plus tragique : l'indifférence des citoyens face à la supercherie qu'ils vivent ou l'indifférence des dirigeants à la révolte de certains. Je ne sais pas qui dupe et qui est dupé. Françoise Héritier l'a bien dit : ‘' Le mal commence avec l'indifférence et la résignation''. Mais faire l'amalgame entre indifférence et résignation serait une erreur. Le premier est le fruit d'une duperie bien réussie, d'un endoctrinement bien enraciné qui transforme les gens en des créatures amorphes et leurs consciences en des morceaux de glaces ; ce qui se voit sur une grande partie du peuple. Quant à la seconde, ce n'est qu'une accablante acceptation suivie d'un inéluctable dépôt des armes. Les deux sont indissociables et le second est souvent causé par le premier quand ce premier est une réaction face à n'importe quelle révolte. Une révolte qui pourrait guérir de ce mal causé par ces deux si elle est radicale. La révolte est un signe de bonne santé moral. Un peuple qui se révolte est un peuple qui refuse de se soumettre à des conditions qui ne lui permettent pas de pratiquer ses droits et ses devoirs. Un peuple qui se révolte demande à être écouté. Il fait entendre sa voix, fait entendre ses appels au secours et rentre en interaction avec ce qui l'entoure. Les révoltes donnent la chance de faire avancer les choses, de les remettre en question, de découvrir leurs failles et lacunes, les restructurer, contextualiser et remettre les pendules à l'heure. Mais ces révoltes doivent être bien reçues, leurs échos doivent résonner loin dans les assemblées dirigeantes. Pas seulement reçues, mais étudiées et suivies par une révision des choses. C'est loin d'être la réaction face aux différentes grèves qui ont eu lieu en Algérie. Qui, quand elles ne sont pas ignorées, sont violemment rétorquées. Des grèves, des marches qui jonchent le territoire national. Différents secteurs, différentes couches sociétales essaient tant bien que mal de s'exprimer, chacun à sa manière. N'est-ce pas le signe que nous sommes un peuple qui marche vers son salut ? N'est-ce pas la preuve que l'on porte en nous ce chaos qui ferait naitre les étoiles dansantes de Nietzsche ? Non, pas si l'on se réfère au nombre de grèves et de manifestations. Il n'y a pas assez de citoyens qui se révoltent. Il n'y a pas assez de réactions à la panoplie de problèmes que subissent les algériens au quotidien. Pas assez de STOP à la corruption, au système mafieux, à la manipulation du citoyen. Pas assez de Halte à la dictature, à la disparité des droits et des devoirs, au despotisme, à la violation du droit de s'exprimer librement sans se faire séquestrer. Encore une fois, je ne sais pas ce qui est plus tragique : être conscient de la gravité de la situation et ne pas bouger d'une semelle, ou être complètement inconscient. Car dans le premier cas, on devient complice de la supercherie, on devient un pion, un suiviste qui laisse son sort se faire dessiner par des autres. Ce n'est pas évident dans un pays ou tout effort pour se faire entendre ou pire se faire comprendre est vain, mais l'erreur serait d'abandonner et de se résigner car ce qui nous appartient s'il ne nous est pas donné, on l'arrache. Tandis que le deuxième cas, n'est presque jamais de la faute du citoyen, son inconscience est due soit à sa manipulation ou bien à une coupure d'information qui engendre une pénurie intellectuelle et morale. Mais ‘'Agir'' est le remède dans les deux cas. Le chaos est là, imminent, nous guettant de si près, mais sommes-nous assez courageux pour le prendre à deux mains, l'assumer, y faire face et devenir des étoiles dansantes ? Kahina BOUARABA Partenariat Réd-DIG-"Liberté"(#RDL)/NOMAD EPAU)