Les mouvements de grève des enseignants et des médecins résidents se sont invités, hier à l'Assemblée populaire nationale (APN). Certains députés, ils n'étaient pas nombreux, ont profité des débats sur le projet de loi portant règlement budgétaire de l'exercice 2015 pour appeler le gouvernement à ouvrir les "portes du dialogue" avec les protestataires. Le député du Parti des travailleurs, Ramdane Taâzibt, a estimé dans son intervention que l'Algérie traverse une situation "dangereuse", qui demande "l'arrêt de la politique d'austérité, de gel des salaires et des recrutements ainsi que des projets". Ramdane Taâzibt a averti que cette politique risque d'aggraver la crise. Pour le député du Parti des travailleurs, "l'accumulation des problèmes" reflète "l'incapacité du gouvernement à prendre en charge les préoccupations des citoyens". M. Taâzibt appelle à un renouveau politique qui devrait également concerner les institutions élues, estimant que celles qui ont été élues en 2012 et 2017 ne sont pas à la hauteur des aspirations du peuple, en raison "du taux d'abstention" et de l'intrusion "de l'argent sale" dans la politique. "La situation exige l'élection d'une Assemblée nationale constituante", a-t-il soutenu. Une députée du même Parti rejette l'argument de la situation financière du pays, souvent évoqué par le gouvernement pour rejeter les revendications des grévistes. "L'Algérie n'est pas en crise", estime-t-elle, évoquant l'argent de l'informel, qu'il faudrait récupérer et la nécessité d'une révision de la politique fiscale. D'autres députés, notamment du Mouvement de la société pour la paix (MSP), ont appelé le gouvernement "à la sagesse" et "à l'ouverture des portes du dialogue", avertissant sur le risque de l'aggravation de la crise. Une députée du MSP a même regretté la position du président de l'APN, après avoir reçu les médecins résidents. Pour rappel, le président de l'APN avait indiqué que sa rencontre avec les médecins résidents est intervenue "pour répondre à la volonté d'un groupe parlementaire", affirmant que "l'APN ne peut pas se substituer aux instances ministérielles compétentes pour mener le dialogue en cours avec les médecins grévistes". La députée du MSP a précisé que l'APN est une institution constitutionnelle censée prendre en charge les préoccupations des citoyens. Une autre parlementaire de l'alliance El-Adala-Ennahda-El- Bina estime que "la menace n'est pas une solution", appelant, elle aussi, au dialogue. Les débats sur le projet de loi portant règlement budgétaire de l'exercice 2015 se sont déroulés dans un hémicycle quasiment vide. Une quarantaine de députés, seulement, étaient présents. Ceux qui ont pris la parole ont été unanimes pour relever le caractère "dépassé" du document. Ils ont critiqué le fait que le gouvernement présente une loi de règlement budgétaire portant sur un exercice qui date de trois ans. M. R.