Les députés de l'opposition ont unanimement voté, hier, contre le projet de loi de finances 2018. Un projet fort controversé que les parlementaires des partis du pouvoir ont, tout de même, comme à leur habitude, validé. Les élus nationaux des partis RCD, PT, FFS, MSP et l'alliance Ennahda-El Adala-Al Bina ont rejeté la copie du gouvernement. À l'issue du vote, ils ont improvisé un point de presse conjoint pour alerter contre les "conséquences dangereuses" de cette loi d'austérité qui va pénaliser le "petit peuple". Seuls des députés du RCD ont refusé de se joindre à cette "alliance de circonstance". Pancartes à la main, les chefs de groupes parlementaires du conglomérat de partis de l'opposition ont tenu des discours très hostiles à la majorité parlementaire et au gouvernement. Accusés d'être derrière le retrait de l'impôt sur la fortune (ISF), proposée par le gouvernement en lieu et place de l'impôt sur le patrimoine, les hommes d'affaires, représentés dans le FCE d'Ali Haddad, ont également été pointés du doigt et vilipendés. "Le gouvernement, la majorité parlementaire et les hommes d'affaires doivent assumer leurs responsabilités après l'adoption de ce projet de loi de finances et le rejet de l'ensemble des amendements introduits par l'opposition. La crise économique et politique s'accentuera davantage dans les mois à venir. L'opposition a fait son devoir. Maintenant, c'est à eux d'assumer leurs responsabilités", a alerté le chef du groupe parlementaire du MSP, Nasser Hamdadouche. Même son de cloche chez Djeloul Djoudi, chef du groupe parlementaire du PT, qui, lui, qualifie la présente loi de finances de "cadeau supplémentaire à l'oligarchie prédatrice". "À travers son vote pour cette loi, pour le moins insultante pour le peuple, cette Assemblée a tourné définitivement le dos au peuple. La majorité vient de révéler la vraie nature de cette Assemblée. Aujourd'hui, l'APN est dans un oued et le peuple dans un autre", a regretté M. Djoudi. Lakhdar Benkhelaf, chef du groupe parlementaire de l'alliance des trois partis islamistes (Ennahda-El Adala-Al Bina), a qualifié, quant à lui, la LF 2018 de "loi assassine pour le peuple". "Après avoir fraudé aux élections locales, les partis de la majorité parlementaire et le gouvernement veulent assassiner le peuple. Cela relève du non-respect de la volonté du peuple !", se désole l'élu du parti d'Abdallah Djaballah. À son tour, Chafaâ Bouiche, chef de groupe parlementaire du FFS, juge que la LF 2018 est préméditée pour "casser l'Etat social et affamer le peuple". L'élu du FFS appelle désormais à poursuivre le combat à l'extérieur de l'APN pour, dit-il, sensibiliser la société contre cette loi de finances et contre toute autre mesure impopulaire. Outre leur appel à l'annulation des augmentations, des taxes et autres impôts décidés dans le cadre de cette loi de finances, le retrait de l'ISF a davantage attisé la colère des élus de l'opposition. Dans leurs interventions respectives pour défendre, en plénière, leurs différents amendements, les députés de l'opposition, notamment ceux du PT, du MSP et de l'alliance Ennahda-Al Adala-El Bina, n'ont pas été tendres avec le gouvernement. Ce qui a poussé le président de l'APN à leur "couper la parole" à plusieurs reprises. "En annulant l'ISF, vous confirmez que vous êtes là pour servir vos amis et jamais le peuple", a entonné, à titre d'exemple, le député du PT, Ramdane Taâzibt, poussant Saïd Bouhadja à lui couper le micro. Il convient de signaler, enfin, que les députés de l'opposition, en colère, se sont retirés de l'hémicycle avant même l'intervention du ministre des Finances. Un geste qui en dit long. Farid Abdeladim