Jusqu'au 27 février, le Bastion 23 abrite une exposition collective de douze artistes femmes "armées" de l'art jusqu'aux dents ! Le Chebek battant pavillon "Houn'na" a accosté le 15 février au Qas'r Eriyas, où la "Kebtan" peintre Ratiba Aït Chafaa a élu quartier général à la "douéra" 23 avec son équipage de onze femmes, issues d'un casting opéré dans les récits d'aventure de la course en Méditerranée. Au lieu qu'"Elles" soient armées d'un yatagan, "Elles" sont armées de l'art jusqu'aux dents ! Objectif, déficeler le butin de l'attirail de couleurs et de brillance qu'elles ont emprunté à "l'arc-en-ciel" d'Amel Benghezala qui symbolise aussi ce "Khit Errouh" ou le fil de l'âme de dame nature. Autre intention inscrite sur la feuille de course de ces dames peintres, chatoyer les remparts de l'ancien siège de la capitainerie et pilotage de la Régence d'Alger, en hissant haut l'oriflamme de la paix qui scintille de l'épigraphe d'Ahlem Kourdourghli : "Le divin a créé Eve, notre première mère dans l'histoire de notre humanité. J'en suis une de cette descendance. Je suis femme, épouse, mère, sœur, aimante, patiente, combattante algérienne, musulmane, libre, intellectuelle. Je suis artiste plasticienne présente dans le monde !" Ce qui a valu à ces dames une salve d'honneur tirée en leur honneur par les marins cannoniers. Et depuis, l'ouast-eddar du Bastion 23 poudroie de scintillantes couleurs des bijoux de la "Reine berbère" de Lila Bouzidi qui exhale ainsi la blancheur du "Haïk" ouvragé dans l'art du "métier à tisser" et "l'habit de fillette" cousues par les anciennes tisserandes de Bouira. De plus, Sonia Merabet ajoute les "tatouages berbères en broderie", notamment le style d'"El Gerguef". À vrai dire, l'esthétique s'offre à l'orée de la s'qifa de la ghorfa de la plasticienne miniaturiste Djazia Cherrih, qui, telle une conteuse, narre les tranches de vie à la Casbah. Et puisqu'on est dans le tohu-bohu folklorique de la journée nationale de la Casbah, autant s'en mettre plein la vue avec "Femmes à la fontaine", "Femme dans le miroir" à l'égale de la dame Khedaoudj El Âamia et "Femme puisant l'eau au puits" : Houn'na est l'éclat de l'art au féminin. "C'est aussi l'élan du cœur, où s'opère la fusion d'un échantillon d'artistes-peintres femmes originaires d'Alger et de l'Algérie profonde, avides de pactiser entre elles par le talent, sans qu'elles ne se focalisent pour autant sur le fardeau des années, sources de heurts générationnels", a déclaré la commissaire Ratiba Aït Chafaa, qui pilote la manifestation dans la galerie muséale du Centre des arts et de la culture du palais des Raïs. Donc, qu'il soit pâle, clair ou intense, l'éclairage suggestionne une halte spirituelle à la ghorfa d'"Eve", pour adjurer avec l'"humilité" de Zahia Kaci : "Halte à la violence" faite aux femmes ? Au demeurant, il y a l'éclosion d'un "Rêve prémonitoire" qui invite à éterniser la diafa (visite) dans une "Casbah agonisante" et poser sa tête tout contre l'épaule de tendre "Grand-mère courage racontant l'histoire à ses petits enfants", où le "paysage printanier des Aurès" égaie la cité des Béni Mezghenna. Du reste, autant se faufiler par la "Porte dérobée" d'Ouiza Achab, où "l'humeur", la bonne, est dans l'air du "temps". Donc, nous voilà revenu à l'époque de la "Sérénité" que nous fait revivre Narimane Sadate Cherfaoui, où l'"union" du voisinage cohabitait dans l'"harmonie parfaite". Si tant et bien qu'il y avait même de la "beauté dans le désordre" du vivre ensemble, bâtie avec l'amas des cailloux du petit Poucet, de la corde à sauter, du roseau qui plie mais qui ne rompt pas de Jean de la Fontaine et du branchage. Toutefois, la beauté loge dans la ghorfa de Nesma Bouda, où l'artiste peintre de Azazga lève ce voile du tabou sur la nudité du corps de la femme qui reste belle même lorsqu'elle enfante dans la douleur. D'où qu'il est requis d'aller pour évaluer toute l'amplitude du talent d'"Elles", particulièrement le savoir-faire de Djamila Ababsia et Massyka Belhoula qui vous attendent jusqu'au 27 du mois en cours. Louhal Nourreddine