Envie d'une mise au vert ? Donc le mieux est d'aller au Qasr Erriyas, où, en plus de humer l'air marin, il est loisible au promeneur d'inhaler un bol d'air des Djenan Dzaïr à l'"Expo Vert" événement, qui a été inaugurée en cette fin d'après-midi du jeudi 27 avril, par le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, et Boualem Bellechhab, le directeur du centre des arts et de la culture du Bastion 23. C'est qu'il y avait le tout Alger artistique venu apprécier une nouba de musique andalouse agréablement interprétée par l'orchestre de l'association des Beaux-Arts d'Alger, sous la direction de la diva Farida Kechroud. Née dans le génie créatif d'une pléiade d'artistes, qui convie le citoyen-lambda à une pause plus poétique dans l'intérieur verdoyant d'une bulle verte, l'expo se veut ce lien "nature-culture" avec notre environnement que l'on se doit de préserver au jour le jour. Sinon ce mode d'emploi de l'art d'habiter une médina sans pour autant faner ses jardins. Ensemencé dans les allées du palais des Raïs sous le slogan "Design moi un jardin", les artistes peintres, sculpteurs et designers se sont donné la main pour former autour de bled Sidi Abderrahmane et de l'Algérie profonde une ceinture verte. "C'est si aisé que ça, pour peu que l'on prenne le temps d'observer Dame nature et d'innover dans le façonnage de l'ameublement urbain, qui soit idoine pour l'occupation rationnelle de l'espace", a déclaré la designer Leila Mammeri qui nous a reçu dans l'ouast eddar de la douéra 17, tout enjolivé d'une table de jardin et d'un multiplex de pots de Hamida Benmansour pour permettre à l'arbre de pousser droit vers le ciel. Autre originalité, les designers cohabitent dans le style de vie si propre aux "Ness El Casbah", soit "à chaque fée de logis sa ghorfa" que la professeur formatrice d'éducation artistique a agrémentée d'un voile fleuri, ou l'"Asbu Yegguggen" traduit ainsi de la langue de Molière vers tamazight par ce professeur de français, la dame Ghenima Kemkem. "Cela nous ramène à ce zelt ou paravent qui protège de l'indiscrétion d'un vis-à-vis outrageant. Alors, plutôt qu'une hideuse bâche, quoi de mieux qu'un store de pots de fleurs qui veille sur notre intimité. Outre cela, le voile fleuri promet d'insuffler de la gaîté à nos balcons et terrasses de nos villes si moroses", a indiqué notre interlocutrice. "La fascination du trait reste intimement liée à l'originalité de la forme", lit-on sur le dépliant de la manifestation. En témoigne "l'entourage de l'arbre" sous lequel est dressé "la table de jasmin" ou "Tablet El Yasmine" pour la traditionnelle "Qahwat Lâachia" ou l'indétrônable pause-café de 16h. Nous quittons notre hôtesse Leila Mammeri pour visiter au "foqani" (palier supérieur) la ghorfa de l'artiste peintre Djahida Houadef qui va ainsi sur les pas de notre Hassiba Benbouali "nationale" pour avoir peint notre guerre de libération. "Plus qu'un rêve", l'enfant de N'gaous a enjolivé la douéra de sa "promesse de recommencement" dans "le miroitement des éclats lumineux" qui symbolise la fraîcheur aurésienne d'où Djahida est issue. Nous quittons "L'uni-vert" irisé de Djahida Houadef pour une halte mystique à la zaouïa de Sidi Lakhdar Ben Khlouf de Djilali Fekir et d'humer l'arôme extrait de "l'qettar" (le distillateur). Donc, le mieux est d'être là au Bastion 23 jusqu'au 29 septembre pour apprécier toute l'étendue de l'imaginaire de nos artistes, dont le paon conçu à la petite cuillère par Yamani Ali. NOUREDDINE LOUHAL