L'option qui serait le plus sérieusement envisagée est celle qui confinera dans la définition d'un système de subventions ciblées. Le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, que le Premier ministre avait auparavant pris soin de recadrer quant à la révision du système des subventions, persiste et signe. Il a confirmé, jeudi, devant le Conseil de la nation, que la commission installée à cet effet travaille à définir un modèle de ciblage des subventions qui devraient bénéficier exclusivement aux nécessiteux. Une confirmation qui sème la confusion autour d'un dossier assez délicat. Et qui pose des questions. Y aura-t-il levée des subventions ? Le citoyen lambda et l'observateur attentif sont déroutés face à la multitude de déclarations, souvent antagonistes, des différents hauts responsables de l'Etat. Dans son dernier discours délivré à l'occasion de la commémoration du double anniversaire du 24 Février, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a assuré que le système de subventions sera maintenu. Avant lui, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait déclaré, depuis Biskra, à l'occasion du 21e anniversaire de la création du RND, qu'une "quelconque déclaration s'agissant d'une levée de subventions est infondée". Ces déclarations étaient destinées à apaiser le front social après le tollé provoqué par les déclarations du ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, qui avait assuré, lors d'une rencontre organisée par le FMI, que les subventions seront supprimées à partir de 2019. Certes, les déclarations du président de la République, décrétant que le système de subventions sera maintenu, a tranché la question du maintien, mais cela n'exclut pas, pour autant, la révision de la politique de subvention. Selon le ministre des Finances, les pressions exercées sur les équilibres macroéconomiques et financiers et le cumul des charges des transferts sociaux sur le budget de l'Etat ont conduit le "gouvernement à mettre en œuvre une politique de réforme des subventions", ajoutant que cette politique se fera "en préservant les équilibres financiers et le pouvoir d'achat, et ce, à travers la mise en place d'un mécanisme préalable pour cibler la subvention à travers une aide aux familles ayant pour objectif de préserver le pouvoir d'achat suite à la réduction des transferts". Cette révision, selon le ministre, prendra le temps qu'il faudra en travaillant progressivement pour aboutir à des solutions efficaces à même de préserver et de consolider les acquis sociaux en permettant de cibler les véritables nécessiteux. En somme, le message du ministre peut se résumer à un engagement que l'Etat n'abandonnera pas les franges démunies de la société, malgré la conjoncture économique difficile que traverse le pays, mais qu'une réflexion est engagée sur les mécanismes à mettre en place pour maîtriser les transferts en termes de rationalisation et d'un meilleur ciblage. Compte tenu de la complexité de la démarche, Abderrahmane Raouya a souligné "l'importance d'ouvrir un dialogue national pour expliquer la démarche aux citoyens". La réduction des subventions est devenue une thématique récurrente dans le pays. Ces trois dernières années, à la faveur de la crise et de la baisse des ressources financières de l'Etat, on assiste même à l'intensification du débat sur le dossier des subventions. Au final, l'option retenue est en faveur de la mise en place d'un système de ciblage des populations les plus défavorisées. En somme, subventionner les ménages plutôt que le produit. Cette option suppose la levée des subventions sur les produits qui connaîtront, à coup sûr, une hausse pour atteindre leurs prix réels, avec un impact certain sur les ménages. Cela suppose la mise en place d'un système d'information complexe et sophistiqué pour arriver à cibler correctement les populations concernées. D'où les précautions prises par les pouvoirs publics dans la gestion de ce dossier. D'ailleurs, les précisions apportées par les membres du gouvernement sont loin d'avoir levé toutes les incertitudes à propos de l'agenda de la mise en œuvre de la réforme du système des subventions. Saïd Smati