Participation timide mais avec beaucoup d'authenticité de nos nationaux au 55e Salon international de l'agriculture de Paris. L'Algérie a fait son retour à cette manifestation après 25 ans d'absence. 17 entreprises se sont partagé le stand algérien, qui se trouve dans le hall international. Pendant une semaine (le salon prend fin aujourd'hui), les producteurs sélectionnés par la Chambre nationale d'agriculture se sont employés à accrocher le regard des visiteurs, grâce à des présentoirs achalandés et à des dégustations. "Nous sommes assez contents. Des gens sont venus nous voir et découvrir ce que nous proposons. Il s'agit d'une première expérience. Nous tâcherons de faire mieux l'année prochaine", soutient Mouloua Kouider, secrétaire général de la Chambre nationale d'agriculture. Pour les Algériens, il s'agit surtout de s'inspirer des méthodes des autres pays, plus habitués aux salons internationaux et qui détiennent le savoir-faire en matière de valorisation de leurs produits. Beaucoup sont des destinations touristiques très prisées, rendues célèbres, y compris par la qualité et l'exotisme leur alimentation. Ce qui n'est pas le cas de l'Algérie qui s'est fait oublier pendant de très longues années, en partie à cause du terrorisme. Frustré de voir son pays privé d'une vitrine au Salon de l'agriculture, un agronome-entrepreneur, Mokhtar Challal, a convaincu des producteurs de faire le voyage à Paris, lors de l'édition précédente en 2017, avec dans leurs bagages des produits réputés, comme les dattes, la figue, le vin et le couscous. Cette année, il a réussi, grâce a l'appui de l'ambassade d'Algérie en France, à persuader le ministère de l'Agriculture de former une délégation officielle. Parmi les exposants figurent la Maison Lahlou, spécialisée dans la production de plusieurs variétés de couscous artisanal, et la conserverie familiale Thala. Les deux entreprises implantées en Kabylie sont plus habituées que les autres aux salons internationaux et disposent de dépôts de vente en France. "Notre spécificité vient de la qualité de notre couscous roulé main", précise Sid-Ali Lahlou, qui vante le travail de ses 650 employés, principalement des femmes. En 2005, l'entreprise a obtenu le premier prix du couscous méditerranéen. La Maison Lahlou est aussi l'initiatrice de la fête du couscous de Frikat. Son patron possède en outre un restaurant, cité en bonne place par les guides de voyage Tripadvisor et le Petit Futé parmi les adresses culinaires incontournables en Algérie. Le gérant de la conserverie Thala, Farid Loudahi, a également un restaurant, Le Havana, à Alger. Mais sa principale activité consiste à mettre en pots des produits frais, pour en faire des confitures, des condiments et des sauces. Les cuissons sur feu de bois et dans des chaudrons font l'originalité de la marque qui aspire à conquérir de nouveaux territoires. Et comme tout passe par l'image, Farid Loudahi, qui est diplômé de la communication à la Sorbonne, mise sur des formules qui font rêver comme "les saveurs du soleil". À moyen terme, il espère pouvoir agrandir son entreprise et créer plus d'emplois. Cet objectif est partagé par les autres entreprises présentes au Salon de Paris, y compris les grandes, comme Ifri et sa filiale de production d'huile d'olive. D'autres assez spécifiques ont aussi des ambitions. C'est le cas par exemple de Bio-Source qui produit des huiles essentielles et des arômes naturels. Cette entreprise est aussi spécialisée dans la transformation de la caroube (fruit du caroubier), qui a de grandes vertus médicinales. Elle en est le second producteur dans le monde et veut prendre la première place. Au niveau de l'Etat, l'objectif est de donner au terroir algérien une plus grande visibilité internationale et une protection, grâce notamment à la mise en place de labels de qualité. Trois produits, la datte Deglet Nour de Tolga (Biskra), la figue sèche de Beni Maouche (Béjaïa) et l'olive de table de Sig ont reçu dernièrement le label "Indication géographique-IG". S. L. K.