Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU a dénoncé hier le nettoyage ethnique des musulmans rohingyas, qui "se poursuit" en Birmanie avec une campagne de "terreur et de famine organisée" destinée à les faire fuir vers le Bangladesh. Haussant de nouveau le ton plus de six mois après le début de la crise des réfugiés musulmans rohingyas, Andrew Gilmour, le sous-secrétaire général aux droits de l'homme de l'ONU, a affirmé hier dans un communiqué que "le nettoyage ethnique des Rohingyas de Birmanie se poursuit". "Le gouvernement birman ne cesse de répéter au monde qu'il est prêt au retour des Rohingyas, mais dans le même temps les forces de sécurité continuent à les faire partir au Bangladesh", a souligné le haut fonctionnaire onusien, tout en dénonçant le rôle central de l'armée et l'inaction du gouvernement birmans. "Des Rohingyas nouvellement arrivés à Cox's Bazar ont fourni des témoignages crédibles de meurtres, viols, tortures, enlèvements et famine organisés se poursuivant", a ajouté le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU. Toujours selon cette source, les nouveaux arrivants arrivent désormais de zones plus reculées que celle de Maungdaw, épicentre des violences, désormais "vidée" de sa population rohingya. Andrew Gilmour s'inquiète du sort des centaines de milliers de Rohingyas s'entassant dans ces camps de fortune, à l'approche de la mousson. "Ayant tant souffert d'un désastre infligé par l'homme en Birmanie, nous craignons que s'y ajoute une catastrophe naturelle liée aux fortes pluies, avec glissements de terrain et inondations", a-t-il averti. Ceci dit, l'ONU ne cache pas ses inquiétudes également quant à une épidémie de choléra dans ces camps géants, où les conditions sanitaires seront rendues encore plus difficiles par la saison des pluies. Ces déclarations du Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU interviennent après la rencontre, lundi, entre le chef adjoint de l'armée birmane, le général Soe Win, à Naypyidaw, la capitale administrative, avec le représentant spécial de l'Union européenne pour les droits de l'homme, Stavros Lambrinidis. Le général birman, qui "a répété que le gouvernement birman est prêt à accueillir" les réfugiés, a reconnu néanmoins qu'"aucun n'est encore rentré, que ce soit en groupe ou individuellement". Par ailleurs, l'accès à la zone de conflit, autour de la ville de Maungdaw, dans le nord de l'Etat Rakhine, reste interdit pour les journalistes et les diplomates, hors voyages express d'une journée organisés au compte-gouttes par l'armée. Seule la Croix-Rouge internationale (CICR) a un accès libre à la zone. Rappelons qu'une campagne de l'armée birmane, qualifiée d'"épuration ethnique" par les Nations unies, a poussé à l'exode près de 700 000 musulmans rohingyas depuis août 2017. Et des centaines continuent de passer la frontière du Bangladesh chaque semaine. Merzak Tigrine